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Vidéo – Les 9 causes du vieillissement, épisode 5, Mitochondries – avec le Dr Guilhem Velvé Casquillas

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[Vidéo] Les 9 causes du vieillissement, épisode 5, Mitochondries – avec le Dr Guilhem Velvé Casquillas

Mitochondries : définition

Nous allons aborder ici une cinquième cause identifiée du vieillissement : le dysfonctionnement des mitochondries.

Les mitochondries sont des organites présents dans chacune de vos cellules. Leur rôle est de maintenir la respiration cellulaire et la création d’ATP (adénosine triphosphate), qui est la principale source d’énergie indispensable pour tous les mécanismes du corps humain. En somme, les mitochondries sont les centrales énergétiques de vos cellules.

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À noter que, en dehors du noyau, les mitochondries sont les seuls organites de vos cellules à posséder leur propre ADN, on appelle celui-ci l’ADN mitochondrial. Donc dans chacune de vos cellules, vous avez non seulement l’ADN du noyau, transmis par vos deux parents, mais aussi l’ADN de vos mitochondries, transmis par votre mère biologique. Cependant, les protéines présentes à l’intérieur de vos mitochondries et qui permettent leur fonctionnement ne sont pas toutes issues de l’ADN mitochondrial.

Pour mieux comprendre pourquoi les mitochondries dysfonctionnement, des études ont été faites sur l’évolution du fonctionnement des mitochondries à différents stades de la vie. Ces études ont montré que le dysfonctionnement des mitochondries était non seulement un marqueur du vieillissement, mais survenait sans qu’on observe de modification significative sur l’ADN mitochondrial. Cela suggère qu’une mutation de l’ADN mitochondrial n’est pas la seule cause du dysfonctionnement lié à l’âge de la mitochondrie, et que celui-ci serait dû à un ou plusieurs autres phénomènes.

Mitochondries et radicaux libres

Alors, quels sont nos suspects ?

En premier lieu, le stress oxydatif. C’est un mécanisme qui implique entre autres des molécules qu’on appelle radicaux libres. Ces radicaux libres possèdent, comme leur nom l’indique, des atomes libres de fixer d’autres molécules par oxydation et ainsi de créer des dommages à vos cellules. On a longtemps lié le vieillissement à l’usure engendrée par l’oxydation, mais la réalité est peut-être plus complexe. Des études récentes ont en effet montré qu’augmenter ses niveaux d’antioxydants, qui combattent les radicaux libres, n’avait pas d’effet sur l’espérance de vie, alors qu’en augmentant le niveau de radicaux libres dans certains modèles, on pouvait augmenter la durée de vie.

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mitochondries long long life longévité transhumanisme vieillissement stress oxydatif

Une explication possible : ce stress oxydatif forcerait l’activation des mécanismes de régénérescence potentiellement bénéfiques, comme l’autophagie, que nous avons évoquée précédemment. On le rappelle, l’autophagie est avant tout un moyen de défense de vos cellules : lorsqu’un organite ne fonctionne plus bien, la cellule va le cannibaliser pour permettre sa survie. L’autophagie des mitochondries endommagées, appelée aussi mitophagie, est la principale voie d’élimination de ces mitochondries. Les radicaux libres libérés par le stress oxydant pourraient engendrer un signal de survie bénéfique.

En théorie, on suppose aujourd’hui que lors du vieillissement, le stress cellulaire et le nombre de lésions des cellules augmenteraient. Les niveaux de radicaux libres dans le corps augmenteraient parallèlement, dans le but de préserver l’organisme. Au-delà d’un certain point, ces niveaux cesseraient de maintenir l’équilibre cellulaire et pourraient aggraver les problèmes associés à l’âge. 

Le rôle des radicaux libres n’est donc pas encore clair pour les scientifiques, c’est une question qui fait vraiment débat.

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Mitochondries : communication intercellulaire

La deuxième cause qui lierait les mitochondries au vieillissement pourrait être la communication entre le noyau de la cellule et ses mitochondries.

Cette communication est nécessaire pour la réplication de la mitochondrie, elle est donc essentielle pour la cellule. Avec le vieillissement, les communications entre le noyau et les mitochondries se dégradent. Cette mauvaise communication peut mener à la détérioration des mitochondries, un phénomène qui à son tour entraîne un vieillissement de la cellule par diminution de l’énergie disponible.

Mitochondries : mutations de l’ADN mitochondrial

Et pour finir, il n’est cependant pas exclu que les mutations de notre ADN mitochondrial entrent aussi en compte. On va donc en parler un peu, même si elles ne sont pas forcément prédominantes.

L’implication des mutations de l’ADN mitochondrial dans le processus de vieillissement a été prouvée : il a été montré qu’une détérioration de l’ADN mitochondrial pouvait engendrer un vieillissement prématuré et réduire la durée de vie.

Bien que l’impact de ces mutations ne soit pas aussi délétère que des mutations de l’ADN nucléaire, les scientifiques pensent qu’il est probable que l’ADN mitochondrial soit plus sensible aux mutations. En effet, une mitochondrie, sorte de centrale énergétique de vos cellules, n’est pas une zone confortable pour éviter des mutations génétiques. D’autant que les mécanismes de réparation de l’ADN mitochondrial sont bien moins évolués que ceux de l’ADN nucléaire.

Cependant, rassurez-vous, contrairement à l’ADN nucléaire, il y a dans chacune de vos cellules plusieurs centaines de mitochondries. Or, les nombreuses copies d’ADN mitochondrial dans chacune de vos cellules atténuent probablement les conséquences d’une lésion sur ce type d’ADN. Malgré cela, il a été prouvé que le nombre de mitochondries diminuait avec l’âge dans les cellules hépatiques des souris, des rats et des humains, et donc, la quantité d’ADN mitochondrial diminuerait au cours du temps.

En résumé, l’accumulation des mutations au cœur du génome mitochondrial pourrait progressivement prendre une place de plus en plus importante dans les processus de vieillissement.

Dr Guilhem Velvé Casquillas

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Vidéo – Les 9 causes du vieillissement, épisode 4, Protéines mal repliées – avec le Dr Guilhem Velvé Casquillas

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[Vidéo] Les 9 causes du vieillissement, épisode 4, Protéines mal repliées – avec le Dr Guilhem Velvé Casquillas

Nous allons aborder maintenant une quatrième cause identifiée du vieillissement : le repliement et l’agrégation des protéines.

Protéines : définition

Les protéines sont les briques de base de votre organisme. Chacun des 30 000 gènes de votre génome est le plan de fabrication d’une protéine qui aura un rôle bien à elle.

Le fonctionnement des protéines se fait principalement grâce à leur forme. Une fois repliée sur elle-même de la bonne manière, une protéine devient active et peut assurer sa fonction correctement.

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Repliement des protéines

Lorsque le repliement ou le dépliement des protéines ne se fait pas bien, elles peuvent s’accumuler et causer des maladies. Dans la maladie de Parkinson par exemple, l’alpha-synucléine, une petite protéine présente dans les neurones, est mal repliée et forme des agrégats dans les extrémités des neurones. Ces agrégats finissent par bloquer la communication neuronale et provoquent les symptômes qu’on connaît.  

Cette accumulation peut être due à une mauvaise structure de la protéine, liée à une mutation ou à une réaction chimique, ou encore à la défaillance des deux systèmes de recyclage des briques cellulaires. Cela fait longtemps en effet que les cellules de notre organisme mettent en pratique les principes de l’économie circulaire. Ces deux mécanismes semblent en effet se détériorer avec l’âge.

Protéines chaperonnes

Certaines protéines (appelées protéines chaperonnes) sont chargées d’aider les autres protéines à se replier, mais aussi de les transporter à la déchetterie des protéines de la cellule si elles ne fonctionnent plus. Au cours du vieillissement, ces protéines chaperonnes peuvent diminuer en efficacité et devenir de moins en moins capables d’aider les autres protéines à se replier. Ces protéines perdent donc elles-mêmes de leur activité au cours du leur vieillissement, ce qui crée un cercle vicieux et donc des problèmes de gestion des protéines et une accumulation de protéines mal repliées dans vos cellules.

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Pour résumer, avec le temps, certaines protéines mal repliées s’accumulent dans l’organisme, le polluent, et nuisent au fonctionnement de nos cellules, au point d’entraîner la mort de certaines d’entre elles. Ce dysfonctionnement se retrouve dans de nombreuses maladies associées au vieillissement, comme la maladie d’Alzheimer ou la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Le chercheur franco-croate Miroslav Radman en fait d’ailleurs la principale cause primaire du vieillissement.

Dr Guilhem Velvé Casquillas

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Vidéo – Les 9 causes du vieillissement, épisode 3, Épigénétique – avec le Dr Guilhem Velvé Casquillas

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[Vidéo] Les 9 causes du vieillissement, épisode 3, Épigénétique – avec le Dr Guilhem Velvé Casquillas

Nous allons aborder une troisième cause identifiée du vieillissement : l’épigénétique, et en particulier, les modifications épigénétiques.

Épigénétique – Définition

Mais d’abord, qu’est-ce que l’épigénétique ? On connaît tous bien la génétique, la science qui s’intéresse à l’ADN, à l’information qu’il contient et aux altérations de cette information via les mutations au sein des gènes. L’épigénétique, elle, s’intéresse à tous les mécanismes qui vont permettre l’expression des gènes et comment ces gènes vont être utilisés sans modifier nos séquences ADN. L’épigénétique met donc en évidence la variabilité de l’expression d’un gène en fonction du temps et de son environnement. Une manière simple de comprendre la force de l’épigénétique, c’est de regarder les organes : chaque cellule de votre corps contient la même information génétique, et pourtant, en fonction de leur environnement physico-chimique, certaines cellules vont donner des neurones, des cellules de peau ou des cellules musculaires cardiaques. Un bon exemple de la force de l’épigénétique (vous pouvez le trouver sur Wikipédia), est celui des abeilles, une larve pourra devenir une reine ou une ouvrière qui vit dix fois moins longtemps en fonction de la façon dont elle est nourrie. C’est un exemple parfait du phénomène épigénétique : une même information au départ pour un résultat différent.

Ce domaine est très intéressant pour comprendre le vieillissement et on a identifié 3 principaux modes d’action épigénétiques qui peuvent influencer notre durée de vie : la méthylation de l’ADN, la modification des histones et le remodelage de la chromatine.

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Épigénétique – Méthylation

La méthylation est un phénomène épigénétique qui va permettre l’ajout ou la suppression d’une petite molécule, appelée méthyle, sur certaines parties de notre ADN. Ces changements peuvent modifier l’expression d’un gène, augmentant la production d’une protéine ou diminuant la synthèse d’une autre. Cette méthylation peut affecter de nombreux gènes avec un rôle plus ou moins important en fonction du rôle du gène touché. Au cours du temps, les modifications épigénétiques liées à la méthylation augmentent et cela pourrait être la cause indirecte de problèmes, comme l’augmentation du taux de cholestérol, ou les risques cardio-vasculaires.

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Et c’est pareil pour les histones ! Les histones sont les protéines autour desquelles s’enroule l’ADN, pour constituer les chromosomes, le fameux bigoudi. Tout comme l’ADN, ces histones peuvent être modifiées avec l’ajout ou la suppression de petites molécules. Cette fois-ci, ce sont les acétyles (et non plus les méthyles) qui nous intéressent particulièrement : chez les invertébrés, on a observé que la suppression de ces acétyles sur une histone spécifique pouvait augmenter leur espérance de vie. Ces modifications peuvent donc avoir un effet important sur l’organisme et sont capables de modifier l’expression d’un gène.

Épigénétique – Chromatine

Au tour de la chromatine maintenant. La chromatine est la forme sous laquelle se présente l’ADN dans le noyau. Elle permet l’empaquetage de l’ADN pour stocker le maximum d’information dans des espaces minuscules. Cette compaction a notamment lieu grâce aux histones dont nous venons de parler. Mais la chromatine peut également être remodelée, c’est-à-dire qu’elle va être plus ou moins condensée. Sous sa forme très condensée, elle prendra le nom d’hétérochromatine et sous sa forme la moins dense, elle s’appellera euchromatine. Avec l’âge, le remodelage de la chromatine diminue, l’équilibre entre hétérochromatine et euchromatine n’est plus respecté et cela affecte non seulement la stabilité des chromosomes, mais aussi l’expression des gènes. D’ailleurs, des études ont montré que la régulation de chromatine était un facteur important pour le contrôle de la longueur des télomères. Ainsi cette altération épigénétique peut entraîner un vieillissement accéléré à travers le rétrécissement des télomères.

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En résumé, l’étude des altérations épigénétiques est au cœur des recherches sur le vieillissement. Méthylation de l’ADN, modification des histones et remodelage chromatinien sont des processus altérés au cours du temps et il a été démontré que ces altérations étaient liées à des maladies communément liées à l’âge comme le cancer, l’athérosclérose et la démence.

Tout notre dossier sur l’épigénétique du vieillissement et la longévité :

 Les altérations épigénétiques comme causes du vieillissement

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Comprendre les altérations épigénétiques qui entraînent le vieillissement : récapitulatif des mécanismes impliqués.

Partie 2 : Épigénétique et ARNs non codants : le rôle des microARN et LncARN sur la longévité

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La totalité de l’ADN ne code pas forcément des protéines ; les ARN non-codants tels que les microARN jouent aussi un rôle dans le processus de vieillissement.

Partie 4 : Epigenome editing, une technologie anti-vieillissement et pro-longévité

Long-Long-Life-Epigenome-editing-longevity technology anti aging transhumanismAvec la naissance de l’épigénétique, une nouvelle technologie a vu le jour : l’epigenome editing, grâce à des avancées telles que l’outil CRISPR-Cas9.

Partie 1 : Les mécanismes moléculaires des altérations épigénétiques dans le vieillissement

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Qu’est-ce que l’épigénétique ? Comment les altérations moléculaires entraînant le vieillissement en arrivent-elles à se produire ?

Partie 3 : L’horloge épigénétique, puissant outil de mesure du vieillissement

Hack aging with the study of proteomics long long life transhumanism longevity anti aging nbic 3On peut utiliser l’épigénétique comme un outil de mesure du vieillissement, en cartographiant les modifications qui surviennent avec l’âge.

Dr Guilhem Velvé Casquillas

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Vidéo : les 9 causes du vieillissement, épisode 2, Les télomères – Dr Guilhem Velvé Casquillas

Télomère - Long Long Life 9 causes du vieillissement longévité transhumanisme

[Vidéo] Les 9 causes biologiques du vieillissement : Épisode 2, Raccourcissement des télomères

Nous allons aborder une deuxième cause identifiée du vieillissement, le raccourcissement des télomères, que l’on considère souvent comme l’horloge biologique de nos cellules.

Télomères  – Définition

Mais que sont les télomères ? Au bout de chacune des quatre extrémités du chromosome se trouve un petit capuchon d’ADN appelé télomère, qui protège le chromosome. Malheureusement, ils sont grignotés à chaque division cellulaire, jusqu’à disparaître et laisser l’ADN à nu. Lorsque cela arrive, l’ADN n’est plus capable de se répliquer sans faire d’erreur, et cela provoque la mort de la cellule.

Alors que se passe-t-il ? Lorsqu’une cellule se divise, elle réplique son ADN afin de transférer l’information génétique aux nouvelles cellules créées. En fait, à chaque division cellulaire, une molécule appelée ADN polymérase duplique notre code génétique. Mais les ADN polymérases « oublient » de reproduire la fin de la structure de l’ADN, en l’occurrence ici, les télomères.

Télomère - Long Long Life 9 causes du vieillissement longévité transhumanisme
ADN polymérase - Long Long Life 9 causes du vieillissement longévité transhumanisme

Télomères – La télomérase

Cette fonction est exclusivement effectuée par une enzyme spéciale connue sous le nom de télomérase. Mais il serait trop beau que toutes nos cellules expriment la télomérase, elles seraient presque immortelles ! Cette enzyme n’est présente que dans certaines cellules. Tout d’abord dans nos cellules souches, c’est-à-dire les cellules capables de créer toutes nos cellules spécialisées, cellules hépatiques, musculaires, graisseuses…

Télomérase - Long Long Life 9 causes du vieillissement longévité transhumanisme

La télomérase est également présente dans nos cellules dites ‘germinales’, c’est-à-dire les cellules permettant notre reproduction, enfin elle est aussi présente dans quelques heureuses cellules classiques dites ‘somatiques’, comme les cellules des follicules pileux. Pour les autres, c’est une mort programmée qui les attend, définie par la limite de Hayflick. Ce Dr Hayflick a découvert qu’il existait un nombre maximum de divisions que pouvait effectuer une cellule… et que surtout ce nombre était dépendant de la longueur de ses télomères : en effet, en l’absence de télomérase, les cellules ne sont pas capables de reconstruire leurs télomères et la cellule va décider de mourir plutôt que de répliquer son ADN avec des informations manquantes.

Malheureusement pour nous, un autre type de cellule dispose de la télomérase, ce sont les cellules cancéreuses. 90 % de ces cellules expriment la télomérase, ce qui les rend presque immortelles et capables de se diviser à l’infini. Et ces cellules cancéreuses mettent bien en évidence le dilemme de la télomérase et des télomères : leur raccourcissement fait mourir nos cellules et vieillir nos tissus, mais nous protège contre l’apparition de cancers.

Télomères – État de la recherche

Alors forcément, vous vous en doutez, certains chercheurs ont essayé d’évaluer la possibilité d’utiliser la télomérase pour faire rajeunir nos tissus.

Sur des vieilles souris, une équipe de Harvard a activé les gènes responsables de la production de télomérase. Ces expériences ont donné de bons résultats, avec un rajeunissement des souris et une bonne régénération des tissus abîmés.

Télomérase essais cliniques - Long Long Life 9 causes du vieillissement longévité transhumanisme

Une autre étude a été conduite sur des cellules de la peau. En culture, ces cellules peuvent se diviser entre 40 et 60 fois durant leur vie. En les modifiant génétiquement afin d’activer la production de télomérase, ces mêmes cellules ont pu se diviser jusqu’à 300 fois.

Ces deux expériences montrent l’importance qu’ont les télomères dans l’espérance de vie d’une cellule, mais les risques associés, comme le développement de cancer, sont bien présents et aucune étude n’a été conduite chez des humains à ce jour.

Ceci n’a pas empêché Liz Parrish, CEO de Bioviva, de réaliser sur elle-même en 2016 une thérapie génique expérimentale visant à activer son gène d’expression de la télomérase. Pour l’instant, les résultats sont encourageants, car elle dit avoir rajeuni ses télomères de 20 ans. Mais il reste pour l’instant difficile de conclure sur la réalité d’une augmentation de son espérance de vie, ce que je lui souhaite de tout mon cœur cependant.

D’ailleurs, pour ceux qui sont intéressés par la métrologie du vieillissement, les télomères peuvent être utilisés comme un moyen de mesure partielle de votre âge physiologique et certaines entreprises ou cliniques vous proposent de mesurer la taille de vos télomères sur des échantillons de vos cellules.

Télomérase 2 - Long Long Life 9 causes du vieillissement longévité transhumanisme

Pour résumer : le rétrécissement des télomères peut être vu comme une horloge biologique de chaque cellule. Ce mécanisme est une limite à l’espérance de vie de nos cellules, c’est pourquoi il a une place très importante dans les recherches actuelles contre le vieillissement.

Tous les articles de notre dossier « Télomères et vieillissement » :

Les télomères : au cœur des processus de vieillissement

Telomere_aging_1Le raccourcissement des télomères est connu pour avoir une influence sur le vieillissement sans que cela ne soit pleinement explicité. Mais comment fonctionnent-ils ? Sur quels mécanismes biologiques agissent-ils ? Et pourquoi les qualifier d’ « horloges biologiques » de notre corps ?

Partie 1 : Causes et effets du raccourcissement des télomères au cours du vieillissement

Piwi-piRNA_immortaité-150x150La vitesse de raccourcissement des télomères et le vieillissement varient d’un individu à l’autre, sans que cela ne soit encore pleinement clarifié. En effet, les causes qui pourraient expliquer les différences de longueur de télomères sont très variées.

Partie 2 : L’influence de la télomérase sur les télomères et le vieillissement

Télomères-vieillissement-télomérase-150x150La longueur des télomères et la télomérase semblent être des facteurs clés du processus de vieillissement. De nombreuses études sur les maladies dues à des mutations des composants de la télomérase ont démontré que cela entraîne un mauvais renouvellement des cellules, soit l’un des phénotypes liés à l’âge.

Partie 3 : Télomère et télomérase dans les cellules souches : indispensables durant le vieillissement

Telomere_vieillissement_division-150x150L’expression de la télomérase est diminuée quelques semaines après la naissance dans la majorité des tissus adultes, à l’exception de certains types cellulaires, telles que les cellules souches. On peut alors se demander s’il existe un lien entre la diminution du stock de cellules souches avec l’âge, le fonctionnement de la télomérase et la longueur des télomères.

Partie 4 : Vers une métrologie du vieillissement à partir du télomère

Telomere_vieillissement_testDes méthodes de métrologie du vieillissement se basant sur la longueur des télomères ont été développée. Aujourd’hui, on en dénombre 5 principales, dont TAT ou STELA. Elles permettent toutes, à partir de la longueur des télomères, de fournir des indications précieuses sur l’avancement de l’âge physiologique ainsi que sur le vieillissement.

Partie 5 : Télomères, vieillissement et thérapies

La longueur des télomères constitue une piste intéressante pour élaborer des thérapies afin de lutter contre le vieillissement. On peut citer l’exemple d’Elizabeth Parrish, PDG de Bioviva ; elle a testé sur elle-même une thérapie génique développée par son propre laboratoire, thérapie qui vise à rallonger de ses télomères afin de « rajeunir » !

Dr Guilhem Velvé Casquillas

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Vidéo : les 9 causes du vieillissement, épisode 1, Dégradation de l’ADN – Dr Guilhem Velvé Casquillas

ADN 9 causes du vieillissement Long Long Life longévité transhumanisme présentation des 9 causes

[Vidéo] Les 9 causes biologiques du vieillissement : épisode 1

Bonjour, je m’appelle Guilhem Velvé Casquillas, et aujourd’hui nous allons parler des 9 causes identifiées du vieillissement. Et si le sujet vous intéresse, je vous invite à lire l’excellente review Hallmarks of Aging parue dans la revue Cell en 2013.

Lors de cette série de vidéos, nous allons découvrir ensemble les mécanismes mis en place par votre corps lors du vieillissement et qui ont un impact sur votre santé et votre espérance de vie. J’essaierai aussi de vous donner un aperçu de l’état de la recherche scientifique concernant tous les traitements existants contre le vieillissement.

Alors, pourquoi cette série de vidéos sur le vieillissement humain ?

C’est parce que nous pensons, au sein de Long Long Life, que l’humanité est aux portes d’un bouleversement concernant le vieillissement. Cette révolution transhumaniste est rendue possible par des approches scientifiques complémentaires regroupées sous le nom de NBIC, dont l’acronyme signifie Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique et sciences Cognitives. Personnellement, je pense que ce n’est qu’en ayant accès à une information de qualité que chacun pourra décider de prendre des mesures contre son vieillissement, en connaissance de cause et en fonction de ses propres curseurs risques/bénéfices. Et c’est pour cela que nous avons décidé de rendre accessible à tous l’état des recherches dans ce domaine, avec son lot de bonnes et de mauvaises nouvelles.

ADN 9 causes du vieillissement Long Long Life longévité transhumanisme NBIC

Comme je l’ai dit précédemment, durant cette mini-série, nous allons aborder les 9 causes du vieillissement. Mais qu’entend-on par cause ? Il est parfois difficile de savoir ce qui est une cause primaire ou une conséquence du vieillissement. Beaucoup de recherches sont menées pour identifier les causes les plus fondamentales, car c’est en traitant directement les causes plutôt que les symptômes que l’humanité pourra rapidement vaincre le vieillissement.

ADN 9 causes du vieillissement Long Long Life longévité transhumanisme présentation des 9 causes

Dégradation de l’ADN – Définition

La première cause du vieillissement que nous allons aborder, ce sont les dommages subis par notre ADN au cours du temps. L’ADN c’est le support de l’information qui fait que nous sommes ce que nous sommes, le programme de fabrication de notre corps. Cette information est constituée de gènes et l’ensemble des gènes est rassemblé sous le nom de “génome”

Ces informations sont principalement stockées dans le noyau de chacune de nos cellules. Le génome contient toutes les informations qui permettent à nos cellules de fabriquer des protéines, ayant chacune un rôle spécifique permettant de faire fonctionner notre organisme. Ces protéines sont synthétisées grâce aux données contenues dans chaque gène et on compte entre 25 000 et 30 000 gènes. Toutes ces informations doivent être transmises d’une cellule à l’autre lorsqu’elles se divisent pour engendrer des cellules filles. Et pour cela, eh bien il est nécessaire de répliquer l’ADN dans sa totalité à chaque division cellulaire.

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Malheureusement, bien que très performant, ce système de réplication n’est pas sans erreurs. On a remarqué que les erreurs au niveau de l’ADN s’accumulent tout au long de la vie, car de nombreux facteurs menacent la stabilité du génome. Ces facteurs sont variés et peuvent être externes, comme la cigarette, le soleil, l’alimentation… mais aussi internes, comme les erreurs de réplication : lorsque votre corps doit recopier les informations contenues dans votre ADN, il fait des erreurs. Ces erreurs peuvent, soit être réparées, soit entraîner la mort de la cellule, soit, et c’est bien le problème, se transmettre aux cellules filles.

Heureusement, nous avons des systèmes de réparation. Certains gènes fabriquent des protéines chargées de réparer les erreurs de réplication. Ceci dit, parfois, les erreurs de réplication touchent les gènes qui fabriquent ces systèmes de réparation et, par un effet boule de neige, on assiste à une croissance exponentielle des problèmes au sein de la cellule. Chez les souris et les humains, il a été démontré qu’il existait un lien de causalité entre une accumulation des lésions au niveau de l’ADN et le vieillissement.

De fait, lorsque les cellules de notre corps sont amenées à se diviser un grand nombre de fois et qu’elles sont porteuses de mutations génétiques, cela entraîne un dysfonctionnement de la cellule pouvant poser des problèmes au niveau de l’organe concerné.

Dégradation de l’ADN – Systèmes de réparation

De manière intéressante, il a été démontré que lors du vieillissement, les systèmes de réparation (comme la protéine PARP pour les intimes) deviennent beaucoup plus abondants dans les cellules, ce qui suggère que notre corps est au courant des dérégulations qui viennent avec l’âge et essaie de prendre les dispositions qu’il faut pour lutter contre. L’activité de ces systèmes de réparation est cependant dépendante de co-enzymes, des petites molécules qui permettent leur fonctionnement. Ce sont des carburants essentiels à nos cellules dont la concentration et le recyclage diminuent avec l’âge. Parmi eux, on parle souvent du NAD+, car il est essentiel aux mécanismes de réparation, mais aussi à la santé de la mitochondrie, sur laquelle nous reviendrons plus tard. Lorsque ces molécules finissent par s’épuiser, nos systèmes de réparation ne fonctionnent plus bien, entraînant des dérèglements graves, non seulement au niveau de la réplication mais aussi dans d’autres mécanismes, pouvant aller jusqu’à la mort de la cellule.

La question se pose alors de savoir qui, de la poule ou de l’oeuf, est arrivé le premier. Est-ce que les co-enzymes diminuent car les systèmes de réplication sont plus nombreux, ou est-ce que ces systèmes sont plus nombreux pour tenter de pallier le manque de réparation lié au déficit en co-enzymes ? Ces mécanismes sont-ils des causes ou des conséquences du vieillissement ?

Tout ce que l’on peut dire aujourd’hui, c’est qu’il existe une corrélation entre le stock de NAD+ (une des co-enzymes) et le vieillissement.

Dégradation de l’ADN – Comment lutter ?

Et là, on touche toute la difficulté de la prévention du vieillissement. Se supplémenter en NAD+ est peut-être une bonne idée pour booster nos systèmes de réparation mais il est également possible que le suicide cellulaire lié la déplétion de NAD+ soit une protection du corps contre des cellules devenues trop malades génétiquement et qu’il serait préférable d’éliminer.

Quand la théorie devient trop compliquée, on fait des expériences.

Des chercheurs ont donc utilisé des souris, qui ont été traitées pour qu’elles gardent un niveau constant de NAD+ tout au long de leur vie. Et, miracle, non seulement les souris traitées ont vécu en meilleure santé, mais elles ont aussi vécu plus longtemps que les souris non traitées.

Cela montre que, chez la souris en tous cas, prendre du NAD+ paraît être une bonne idée pour lutter contre le vieillissement. Pour l’homme, comme d’habitude, cela reste à prouver.

ADN 9 causes du vieillissement Long Long Life longévité transhumanisme souris NAD +

Je clôture ce chapitre sur les dommages de l’ADN avec cet exemple, pour vous faire comprendre la complexité qu’il existe entre comprendre un mécanisme, et en tirer des conclusions pratiques et un traitement sécurisé pour ceux qui veulent vivre plus longtemps.

En résumé, la première cause du vieillissement abordée ici, ce sont les dommages subis par l’ADN et qui se perpétuent à chaque division cellulaire. Avec le temps, ils s’accumulent et font dysfonctionner ou mourir nos cellules.

Dr Guilhem Velvé Casquillas

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Cryonie : outil transhumaniste et longétiviste

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Cryonie : outil transhumaniste et longétiviste ?

La cryogénisation, ou cryonie, ou cryopréservation, est une technique consistant à refroidir à l’extrême les tissus d’un corps dans le but de les préserver. Certaines entreprises proposent à leurs clients d’être cryogénisés dans l’espoir que les techniques médicales du futur puissent les sauver d’une maladie incurable ou tout simplement du vieillissement.

C’est en 1967 que James Bedford devient le premier humain cryonisé après son décès. Dans les années 1980, Greg Fahy et William F. Rall se mettent à utiliser la méthode pour la cryopréservation de cellules reproductrices.
Actuellement, seules des cellules, des tissus et quelques organes peuvent être cryopréservés de façon réversible.

L’application de cette pratique à des corps humains est controversée, car nous ne sommes pas encore capables d’inverser le processus pour sortir un organisme de son état de cryonie.
Aux États-Unis et en Russie, la procédure ne peut être réalisée qu’après la mort clinique du patient. Elle est interdite en France.  

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Le fonctionnement de la cryonie : l’arrêt du vieillissement post-mortem

La cryonie est une méthode de cryopréservation qui va placer le corps en dessous de -130°C et nécessite donc des cryoconservateurs, comme un antigel, pour éviter la formation de cristaux de glace dans les cellules. C’est la vitrification. Cette méthode augmente la viscosité du milieu et empêche la cristallisation, en étant accompagnée d’un contrôle sur la rapidité de refroidissement des tissus (0.2 à 2.5°C/min) [1].
Malheureusement les cryoconservateurs classiques souvent toxiques à haute dose pour les cellules, c’est pourquoi les sociétés de cryonie développent leurs propres solutions injectables de cryoconservation, telles que la solution M22. [2].

Les corps sont ensuite plongés dans des cuves d’azote liquide réalimentées régulièrement. Le plus souvent la tête en bas pour maximiser les chances de préservation en cas de problème, il arrive que des trous soient percés dans le crâne pour éviter que la pression s’y accumule. La vitesse de prise en charge du patient est critique pour la préservation maximale du corps, ou de l’encéphale, et s’accompagne d’une organisation de récupération et de préservation du corps dans l’attente de la vitrification. Il est effectivement possible de choisir de conserver uniquement sa tête.

Avancées en cryopréservation : un espoir pour le transhumanisme ?

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La recherche progresse pour réussir un jour à inverser le processus : un rein a été cryopréservé en 2009, puis ramené à température ambiante et transplanté chez un lapin qui, malgré des complications diverses peu de temps après la transplantation, a pu jouir d’un rein fonctionnel jusqu’à son euthanasie 48 jours plus tard. [3]
La cryopréservation du rein est considérée comme complexe en raison de sa vascularisation caractéristique, ceci représente donc une avancée certaine dans le domaine.

Hormis les attraits de la suspension temporelle qu’elle peut représenter, développer des technologies de cryopréservation présente également un intérêt, ne serait-ce que pour la préservation « préventive » d’organes et leur transport pour des transplantations.

Les méthodes de cryonie sont donc des technologies qui méritent d’être étudiées ne serait-ce que pour l’étude des méthodes mises en oeuvre, et le potentiel pour la conservation d’organes dans le domaine de la médecine.

Concernant la vitrification humaine, c’est un pari sur l’avenir. Au moins, cela présente un espoir de réanimation, saisi entre autres par une adolescence décédée d’un cancer en 2016 [4].
Cependant, à quoi ressemblerait la vie d’un humain cryogénisé pendant des décennies qui se réveille dans un monde qu’il ne reconnait plus ?
Lutter contre le vieillissement semble être une voie moins hasardeuse, mais certains n’ont évidemment pas le temps d’attendre.  

Louis Kokkinis

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Louis is responsible for the vulgarization of articles and scientific watch for Long Long Life.
He is currently studying biology remotely at Aix-Marseille University. He also works on multiple biotechnology and engineering projects.

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Louis est responsable de la rédaction d’articles de vulgarisation et de veille scientifique pour Long Long Life. Il étudie la biologie à distance à l’université d’Aix Marseille. Il est également porteur de plusieurs projets de biotechnologies et ingénierie.

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Références:

[1] Gregory M.Fahy, Joseph Saur, Robert J.Williams. Physical problems with the vitrification of large biological systems. Volume 27, Issue 5, October 1990, Pages 492-510.

[2] Phatak S, Natesan H, Choi J, Brockbank KGM, Bischof JC. Measurement of Specific Heat and Crystallization in VS55, DP6, and M22 Cryoprotectant Systems With and Without Sucrose. Biopreserv Biobank. 2018 Aug;16(4):270-277.

[3] Gregory M Fahy et Al., Physical and biological aspects of renal vitrification. Organogenesis. 2009 Jul-Sep; 5(3): 167–175.

[4] The Guardian. (2016/nov/18) 14-year-old girl who died of cancer wins right to be cryogenically frozen

Partie 4 : Variabilités génétiques dans les réactions au jeûne contre le vieillissement

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Variabilités génétiques dans les réactions au jeûne contre le vieillissement

Les sirtuines: des gènes du vieillissement manipulables ?

Comme nous l’avons vu précédemment, de nombreux facteurs influencent l’impact du jeûne ou de la restriction calorique sur le vieillissement et la santé en général. Parmi le très grand nombre de pistes, j’ai choisi de parler d’une famille de protéines en particulier, mais cela ne veut en aucun cas dire que cela représente le seul moyen d’optimisation. Ces protéines sont nombreuses et ont un impact fort ! Ce sont les sirtuines :

Les sirtuines (SIRTs) sont une famille de protéines impliquées dans plusieurs processus de régulation tels que le métabolisme cellulaire, ou le vieillissement. Ces protéines sont extrêmement bien conservées au sein du vivant. En effet, ce sont des homologues de la protéine Sir2, la première protéine découverte de cette famille présente dans les levures. Cette protéine joue un rôle dans l’augmentation de l’espérance de vie de la cellule, en particulier en conditions de restriction calorique [1 ; 2] en agissant sur la régulation de plusieurs gènes. La réponse au jeûne en dépend peut-être !
Au cours des recherches, il a été découvert que Sir2 était une deacylase NAD-dépendante [3 ; 4]. Cela signifie que l’action de l’enzyme dépend de la présence de NAD (Nicotinamide Adénine Dinucléotide).

7 sirtuines ont été identifiées dans le génome des mammifères. Ces protéines sont présentes dans différentes parties de la cellule : Le cytoplasme ( SIRT1,-2) ; Les mitochondries (SIRT3,-4,-5); et enfin le noyau (SIRT1,-2,-6,-7).
De nombreux débats ont eu lieu au sein de la communauté scientifiques pour essayer de définir le rôle précis de ces sirtuines. Il est maintenant admis que des sirtuines peuvent influer sur l’espérance de vie d’organismes multicellulaires, y compris les mammifères [5].

Cette influence est, en partie, dûe à l’action des sirtuines sur les histones (protéines associées à l’ADN permettant de le compacter en chromatine), modifiant la lecture de l’ADN et donc l’expression des gènes. Leur activité de déacétylase (entraînant la perte d’un groupement acétyle) est la plus documentée actuellement [6]. L’acétylation et la désacétylation des histones jouent un rôle majeur dans la régulation de l’expression des gènes.

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Histone

SIRT1, 2, 3 et 6 pourraient être responsables d’effets bénéfiques dans le métabolisme du glucose en influant, entre autres, sur l’inflammation, le stress oxydatif ou encore le maintien des fonctions mitochondriales [7].
Ces gènes, et l’action de leurs protéines pourraient expliquer, au moins en partie, les effets observés de la restriction calorique et par conséquent du jeûne sur la longévité des espèces testées.

 

L’exemple de SIRT1 dans la réponse au jeûne

L’activité de déacétylase de SIRT1 est régulée par un capteur à insuline situé à l’une des deux extrémités de la molécule [6]. Ce gène est lié à l’activité de mTOR, un senseur de nutriment influençant entre autres l’autophagie, et ses niveaux d’expression dépendent du type cellulaire [8].

L’expression de SIRT1 dépend aussi de nos niveaux de NAD, ce qui la lie au cycle circadien, “l’horloge interne” d’environ 24h qui modifie les réponses de notre corps en fonction de l’heure de la journée [16].

La régulation de ce gène par l’insuline et les niveaux d’expression de mTOR le lie fortement à notre alimentation. S’il peut avoir un impact sur notre vieillissement, c’est notamment parce que SIRT1 est chargé de la régulation de l’ADN à plusieurs niveaux : au niveau de la transcription en influençant les histones, (protéines permettant la compaction de l’ADN en chromosomes) ainsi qu’au niveau des réparations des erreurs lors des recombinaisons en recrutant des “aides”, comme les protéines NBS1 et Rad51 sur le lieu du crime [9]. Un rôle dans la régulation de l’ARN a aussi été attribué à SIRT1. Ce type de régulation est capital pour le maintien des fonctions de l’organisme, et leur dysfonctionnement entraîne des complications souvent en lien avec le vieillissement, comme les cancers.

Concernant les cancers, lorsque les gènes SIRT1,3,4,6 sont perdus par manipulation génétique par exemple, le métabolisme de la cellule a tendance à dégénérer et à produire une cellule cancéreuse.

L’étude de ces enzymes, les sirtuines, a grandement augmenté la connaissance des mécanismes influant la survie et la santé de l’organisme [10]. L’action parfois antagoniste de ces sirtuines indique qu’il n’y a probablement pas une seule pilule magique dans cette voie mais peut-être plutôt des niveaux d’expression de ces gènes “optimisés pour la longévité” : ils pourraient diminuer l’occurrence de nombreuses maladies liées à l’âge.
C’est sûrement, dans une moindre mesure ce qu’accomplissent certaines méthodes nutritionnelles et de mode de vie, comme le jeûne et une bonne alimentation, couplés à l’entrainement physique.

La variabilité inter-espèces influence l’effet des jeûnes et le vieillissement des individus

Les différences génétiques entre espèces, ou variabilité inter-espèces, sont une des problématiques liée à l’efficacité des traitements et l’impact de telle ou telle intervention sur une espèce non testée (comme l’humain, pour des raisons éthiques). Grossièrement, la distance génétique entre deux espèces peut donner une idée de leur similarité fonctionnelle. Ce raisonnement est parfois trompeur car les mutations de chaque individu sont aléatoires puis sélectionnées selon leur environnement, leur accès à la nourriture, leur reproduction, etc… C’est le principe de sélection. Des mutations accumulées depuis des millions d’années entraînent obligatoirement des divergences quant au fonctionnement du corps et par conséquent quant aux réponses à diverses stimulations comme la restriction calorique ou le jeûne.

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ADN

Les différences entre deux espèces peuvent être extrêmes, ne serait-ce que d’un point de vue du phénotype, c’est à dire les traits observables. Entre une baleine bleue et une pipistrelle (chauve-souris), il n’est pas difficile d’imaginer qu’il y ait une divergence génétique. Pourtant la baleine comme la chauve souris sont des mammifères et partagent donc une grande partie de leur génome. Une molécule supportée par la baleine bleue pour un traitement pourrait quand même tuer la pipistrelle, malgré un ancêtre commun relativement récent.

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C’est pour ces raisons que l’on ne peut pas transposer les résultats obtenus sur des espèces, comme les souris, à une autre, comme l’humain, et attendre un résultat équivalent.
Même des résultats sur le chimpanzé ne seraient peut-être pas assez proches des résultats “moyens” attendus chez l’humain. Le chimpanzé et l’humain ont pourtant 98,8% de leur génome en commun. Le régime alimentaire, le mode de vie, les besoins, la taille, la masse, tous ces facteurs sont révélateurs des différences que l’on peut observer, au-delà du phénotype.

Pour palier à ce problème, on peut réaliser des tests sur des cellules humaines directement, mais évidemment pas sur un organisme entier. Les organes sur puce peuvent représenter un bon intermédiaire en reproduisant le plus fidèlement possible les fonctionnalités d’un organe (poumons, coeur, cerveau,…), le tout en utilisant des cellules humaines. Des développement dans ce domaine pourraient même permettre de placer ces organes artificiels en série et reconstruire un modèle corporel global.

La variabilité entre les individus (H.sapiens) explique une partie de l’inégalité face au vieillissement et diverses réponses aux jeûnes

La nécessité des tests cliniques montre bien que nous ne pouvons pas généraliser les résultats obtenus d’un humain à l’autre non plus. Si les tests sont réalisés sur un petit échantillon d’individus et non répliqués, ils sont peu robustes et sujets aux fluctuations statistiques. Tout humain peut être porteur d’une mutation, même une simple erreur sur une base (un SNP) qui entraînerait, à titre d’exemple, une réaction imprévue à un médicament.

Il existe tout de même une très grande similarité au sein de notre espèce. Deux individus humains partagent au moins 99,5% de leur génome. Cependant le génome n’est pas “lu” de la même façon entre deux individus d’une même espèce, et ce, en fonction de facteurs environnementaux par exemple. C’est l’épigénétique, Impliquée dans les sirtuines comme vu plus haut.

L’épigénétique détermine quelle partie de l’ADN sera traduite ou non dans tel ou tel contexte. Ces processus sont gérés (grâce aux sirtuines par exemple) via des groupes qui vont se lier à l’ADN ou aux histones, comme les groupes méthyles, qui entraîneront une méthylation. La méthylation d’une histone pourra changer la conformation/compaction de la chromatine et la rendre inatteignable par la machinerie cellulaire en charge de traduire l’ADN [11].

Le microbiote, l’ensemble des micro-organismes qui cohabitent dans et sur nos corps, est aussi une source de variabilité très importante. Aucun d’entre nous n’a le même microbiote et les espèces qui colonisent notre corps jouent des rôles dans la digestion, la production de protéines, la synthèse de vitamines, leur activité enzymatique…[13]. Ces variations entraînent donc également des réponses différentes entre deux individus, à un médicament par exemple.

Tous ces facteurs expliquent les différentes réactions à un médicament, les allergies, la différence d’impact et de réponses aux techniques de jeûne.
Il y a aujourd’hui la nécessité d’une médecine personnalisée pour créer des “groupes” par similarité génétique (incluant la génétique microbiotique) et permettre une médecine plus précise, plus efficace

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Paroi de l'intestin avec et sans microbiote

Les organoïdes, mais surtout les organes sur puce sont encore une fois une voie envisagée pour permettre un grand nombre de tests peu coûteux sur les cellules d’un patient en particulier, dans l’organe choisi. Combinées à des initiatives comme celle de l’ONG “The human Variome Project”[14], ces grandes variations peuvent être collectées, analysées et interprétées, ce qui mènerait à une forte amélioration de la prise en charge des patients.
Ceci permettrait aussi de répondre précisément à la question de l’impact de la CR ou du jeûne sans avoir à contrôler les individus.

Variation sexuelle

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Le genre et le sexe biologique sont étroitement corrélés et ceci influence aussi notre biologie et la santé. Les différences de traitements dans le domaine médical et la complexité de la problématique mènent à des variations dans la mortalité de certains cancers par exemple [17], ou encore des différences de prise en charge et donc de mortalité accrue des infarctus chez les femmes [17].
Il est clair que s’il existe des différences dans les réponses à différents jeûnes chez les individus de même sexe, les différences entre mâles et femelles sont également grandes et peuvent influencer les résultats d’études sur le jeûne.

Le problème est le même pour les autres espèces évidemment et certaines études en immunologie par exemple ne font même pas état du sexe des animaux utilisés dans le cadre des travaux. Il y a une prédominance de mâles pour des questions économiques.

L’utilisation des cellules pour comprendre les différences sexuelles biologiques est donc une tâche très complexe, car elle nécessite souvent une sur simplification et entraîne donc des biais.
Les lignées cancéreuses ont souvent des anomalies chromosomique. La lignée A549 par exemple, dont 40% des cellules ont perdu le chromosome Y, était une lignée mâle à l’origine [17]. De plus, les différences que l’on observe entre une cellule XX (femelle) et XY (mâle) peuvent être dues à bien d’autres facteurs que le sexe dont nous avons parlé plus haut.

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Pour conclure

L’avantage sur la santé que peut accorder la pratique de la restriction calorique n’est pas l’immortalité. Les stratégies évoquées comme certains jeûnes permettraient au mieux de vivre statistiquement un peu plus longtemps en bonne santé. Pour l’instant, les études sont présentes pour affirmer l’effet positif de la restriction calorique, mais pour les jeûnes, il faut multiplier les expérimentations.
Ces méthodes et/ou la mimétique de leurs chemins métaboliques permettraient cependant de réduire les “réparations” à apporter dans le cadre d’une thérapie anti-vieillissement, ou typiquement de pouvoir augmenter le temps nécessaire entre deux interventions.

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Même avec un mode de vie “optimal” pour la longévité, les limites génétiques nous empêchent de vivre drastiquement plus qu’actuellement [15]. La santé ne dépend pas simplement des heures auxquelles nous mangeons (jeûne), mais également de ce que nous mangeons, en quelle quantité, de notre activité physique, mais aussi de notre biologie (génome, épigénome).

Il est possible que l’adhésion ou l’intérêt porté au jeûne entraîne une réflexion plus large sur la composition de sa diète et son mode de vie général comme l’activité physique, le sommeil… Cette démarche est en soi enviable en terme de prévention, de santé publique et de prise de conscience.

Le défi semble s’affiner de jour en jour. Les hypothèses et découvertes soulevées par la recherche en biologie poussent de plus en plus de scientifiques à se tourner vers la recherche contre le vieillissement (sans la peur passée d’être raillé par leurs pairs?). La recherche est axée sur des “espèces modèles” pour chaque étape du processus. Le développement de la culture d’iPSC, les “cellules souche pluripotentes induites”, a permis de commencer à imaginer des protocoles in vitro, culture de cellules humaines, organes artificiels. Ceci permet de se rapprocher de plus en plus du fonctionnement de ce que l’on veut tester: notre physiologie.

Louis Kokkinis

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Louis is responsible for the vulgarization of articles and scientific watch for Long Long Life.
He is currently studying biology remotely at Aix-Marseille University. He also works on multiple biotechnology and engineering projects.

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Références :

[1] Lin, S.-J. (2000). Requirement of NAD and SIR2 for Life-Span Extension by Calorie Restriction in Saccharomyces cerevisiae. Science, 289(5487), 2126–2128.

[2] Kitada, M., Ogura, Y., Monno, I., & Koya, D. (2019). Sirtuins and Type 2 Diabetes: Role in Inflammation, Oxidative Stress, and Mitochondrial Function. Frontiers in Endocrinology, 10.

[3] Kosciuk, T., Wang, M., Hong, J. Y., & Lin, H. (2019). Updates on the epigenetic roles of sirtuins. Current Opinion in Chemical Biology, 51, 18–29.

[4] Landry, J., Sutton, A., Tafrov, S. T., Heller, R. C., Stebbins, J., Pillus, L., & Sternglanz, R. (2000). The silencing protein SIR2 and its homologs are NAD-dependent protein deacetylases. Proceedings of the National Academy of Sciences, 97(11), 5807–5811.

[5] Naiman, S., & Cohen, H. Y. (2012). The Contentious History of Sirtuin Debates. Rambam Maimonides Medical Journal, 3(4), e0022.

[6] Kosciuk, T., Wang, M., Hong, J. Y., & Lin, H. (2019). Updates on the epigenetic roles of sirtuins. Current Opinion in Chemical Biology, 51, 18–29.

[7] Kitada, M., Ogura, Y., Monno, I., & Koya, D. (2019). Sirtuins and Type 2 Diabetes: Role in Inflammation, Oxidative Stress, and Mitochondrial Function. Frontiers in Endocrinology, 10.

[8] Hong, S., Zhao, B., Lombard, D. B., Fingar, D. C., & Inoki, K. (2014). Cross-talk between Sirtuin and Mammalian Target of Rapamycin Complex 1 (mTORC1) Signaling in the Regulation of S6 Kinase 1 (S6K1) Phosphorylation. Journal of Biological Chemistry, 289(19), 13132–13141.

[9] Oberdoerffer, P., Michan, S., McVay, M., Mostoslavsky, R., Vann, J., Park, S.-K., … Sinclair, D. A. (2008). SIRT1 Redistribution on Chromatin Promotes Genomic Stability but Alters Gene Expression during Aging. Cell, 135(5), 907–918.

[10] Haigis, M. C., & Sinclair, D. A. (2010). Mammalian Sirtuins: Biological Insights and Disease Relevance. Annual Review of Pathology: Mechanisms of Disease, 5(1), 253–295.

[11] Podcast Science 336 – Evelyn Heyer. Anthropologie Génétique. www.podcastscience.fm

[12] Musée de l’homme. “Les origines de l’homme”

[13]https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/microbiote-intestinal-flore-intestinale

[14] “The human Variome Project” http://www.humanvariomeproject.org/

[15] Miroslav Radman – Au-delà de nos limites biologiques.

[16] Imai, S., & Guarente, L. (2016). It takes two to tango: NAD+ and sirtuins in aging/longevity control. Npj Aging and Mechanisms of Disease, 2(1).

[17]Patricia Lemarchand.(18/04/2019). Sexe, genre et inégalités d’accès aux soins médicaux., espace des sciences. .

Partie 3 : Biomarqueurs & métabolisme : mesurer les effets du jeûne sur le vieillissement

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Biomarqueurs & métabolisme : mesurer les effets du jeûne sur le vieillissement

Afin de mesurer les effets de telle ou telle action sur l’organisme, nous avons besoin de nous fier à ce qu’on appelle des biomarqueurs, c’est à dire une caractéristique biologique mesurable. Ils peuvent être de nature très différente et permettent de mesurer l’action d’un traitement, ou le bon fonctionnement du métabolisme lors de jeûne, restriction calorique…

Biomarqueurs en lien avec le jeûne, l’analyse de la santé et bientôt du vieillissement ?

Il existe de nombreux biomarqueurs. Leur sélection dépend de ce que l’on veut observer et savoir. Trouver des biomarqueurs fiables est nécessaire pour améliorer les dépistages de maladies, ou tout autre problème, ou même pour vérifier qu’il n’y en ait pas.
Nous allons parler ici des biomarqueurs les plus efficaces ou utilisés aujourd’hui dans le cadre de la santé et liés à la nutrition ainsi qu’à l’activité physique [2]. Pour mesurer les effets d’une restriction calorique, d’un jeûne ou de toute autre action, nous avons besoin d’analyser des biomarqueurs !

Le métabolisme basal, qui correspond à la dépense énergétique minimale de l’organisme, peut-être calculé en amont d’un changement de régime alimentaire. Ceci permet d’avoir une idée de ses besoins et des changements à apporter dans l’alimentation en fonction de son activité physique. Des calculateurs en ligne existent, comme pour l’indice de masse corporelle (IMC), mais évidemment le calculer grâce à davantage de biomarqueurs sera bien plus précis.

Le biomarqueur le plus utilisé dans le cadre de la nutrition est le taux de glucose sanguin. On le teste plusieurs fois par jour chez certains stades diabétiques. Cela permet de réguler son ingestion de sucres, pour éviter des hypoglycémies subites ou gérer les injections d’insuline.

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Un autre biomarqueur intéressant dans le contexte du métabolisme de l’énergie est le quotient respiratoire (QR).
Lors de la transformation des aliments en énergie consommable, des réactions chimiques entraînent des variations dans la consommation en dioxygène (O2) et la production de CO2.
Ce QR est calculé en fonction de la VO2 et VCO2, produit du volume de dioxyde de carbone relâché et du dioxygène consommé. Le résultat (entre 0,7 et 1) nous informe sur la consommation du patient. Si son QR est proche de 0,7, la consommation de lipides est en excès.
Inversement, un QR proche de 1 signifie un excès de glucose.

Ce biomarqueur peut être intéressant dans le cadre des jeûnes afin de déterminer quels nutriments sont consommés en fonction des repas et de l’heure de test.

HOMA-IR (Homeostatic Model Assessment for Insulin Resistance) permet d’appréhender la résistance à l’insuline.

Niveaux de NAD : Le NAD est une molécule (Nicotinamide Adenine Dinucleotide) qui joue un rôle extrêmement important dans la régulation de nombreuses fonctions biologiques. Elle est impliquée dans plus de 500 réactions enzymatiques [1] !
La molécule de NAD se trouve sous deux formes : le NAD+ qui en est la forme oxydée, et le NADH, la forme réduite de la molécule qui porte l’hydrogène (H).
Évaluer les niveaux de NAD peut donc être un bon indicateur d’un dysfonctionnement potentiel.

L’analyse des hormones est également un bon indicateur. C’est une analyse des hormones présentes dans des échantillons d’urines sèches. La méthode DUTCH permet d’analyser les hormones, mais aussi les métabolites. Les métabolites sont des produits du métabolisme qui nous renseignent sur son fonctionnement.

Les tests de micronutriments (micronutrient testing) permettent d’analyser le sang du patient pour y trouver des vitamines, des minéraux, phénols, acides aminés, acides gras, etc…
Nous savons que nombreuses sont les carences en vitamine D dans la population, or la vitamine D joue un rôle important dans le système immunitaire.
Le métabolisme du fer peut également être observé grâce à cela, en particulier chez les femmes qui sont susceptibles d’avoir des carences en fer.

En général, on teste le taux d’albumine, la protéine la plus présente dans le sang,  pour savoir si l’on est en carence. Ce test est réalisé par dosage sanguin.

Métabolisme de l’énergie, une source de dommages qui entraîne le vieillissement mais qui peut être influencée par le jeûne

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Stockage et utilisation du glucose

Les glucides, ou carbohydrates, sont dégradés en molécules de glucose consommable (G6P).  Ce glucose consommable et très facilement assimilable par les cellules.
En cas d’excès de glucose, il est transformé en glycogène en assemblant plusieurs molécules de glucose. C’est ce que l’on appelle un polymère du glucose. Ce glycogène est stocké massivement dans le foie, mais aussi dans les muscles squelettiques.
Lorsque le taux de glucose sanguin diminue, la production d’insuline du pancréas induit la dégradation de ce glycogène en molécules de glucose consommables.

Stockage  et utilisation des lipides (acides gras)

Les lipides sont stockés dans des cellules spécialisées : les adipocytes. Ces cellules reçoivent ou produisent majoritairement des triglycérides. Ces triglycérides s’accumulent en cas de surconsommation de nourriture ou de pathologies et entraînent les phénomènes d’hypertrophie et/ou d’hyperplasie, respectivement l’augmentation du volume de la cellule, et la multiplication de ces cellules.

Le système digestif joue évidemment un rôle majeur dans l’assimilation de nutriments. Son action, incluant l’action de tous les microorganismes en présence (le microbiote), va influer sur le taux d’absorption, la qualité nutritive, la transformation des aliments. La “qualité” du microbiote est un facteur clé de la nutrition. La consommation de fibres (trop faible dans nos sociétés), la qualité et la variété des aliments sont autant de facteurs maximisant la diversité des espèces en présence dans nos intestins. De plus, une grande diversité du microbiote est corrélée à un temps de vie en bonne santé supérieur. Les populations centenaires ont dans la majeure partie des cas étudiés une diversité microbiotique bien supérieure à la population moyenne [3].

Quelques hormones clés en lien avec la nutrition, le jeûne et la restriction calorique :

Les hormones sont des « messagers » chimiques qui vont induire des réponses de la part des tissus ciblés. Cela va de l’appétit à la libido en passant par le sommeil.
Nous traitons ici quelques hormones clés en lien avec la nourriture, le stockage et l’utilisation des nutriments. Ces hormones vont être influencées par des actions comme la restriction calorique ou le jeûne et influencer notre corps en retour. C’est une partie de l’explication !

La leptine est parfois appelée “l’hormone de la satiété”. Elle est sécrétée par les adipocytes blancs. Lorsqu’un trop grand nombre d’adipocytes sont présents (obésité), la sécrétion massive de l’hormone va entraîner une résistance à cette dernière et donc réduire son effet “coupe-faim”, ou anorexigène. La lipodystrophie correspond à un manque ou une absence de la synthèse de leptine.

En opposition à la leptine, la ghréline est connue comme “hormone de la faim”. Elle joue aussi un rôle majeur dans le contrôle de la balance énergétique. Le récepteur de ces deux hormones de la faim sont situées sur les mêmes cellules cérébrales.
Cette hormone se fait ressentir dans le cadre du jeûne et il faut apprendre à l’ignorer quelques fois par jour. 

Le cortisol a plusieurs rôles majeurs. Cette hormone peut induire une augmentation de la glycémie par le biais de la synthèse de glucose. Elle permet donc de recruter de l’énergie dans le stock corporel. Le cortisol a un rôle dans la régulation du cycle circadien (en association avec la mélatonine.).

L’insuline est produite par des cellules du pancréas, les β-cells. Sa production est dépendante du taux de glucose sanguin ainsi que de l’ingestion d’aliments.
La résistance à l’insuline va induire une surproduction d’insuline, c’est l’hyperinsulinémie.
L’insuline régule l’assimilation du glucose par les cellules et son utilisation ou stockage. La résistance va mener en particulier au diabète de type 2 [4]. Le jeûne ou la restriction calorique, mais aussi la réduction drastique des carbohydrates (sucres) peuvent permettre de diminuer la résistance.

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Lorsque le taux de glucose sanguin est trop bas, le pancréas va produire du glucagon qui va stimuler la dégradation du glycogène en glucose et permettre au taux de glucose de remonter.

De nombreux facteurs peuvent contribuer à induire une résistance à l’insuline (RI). Elle est très corrélée au surpoids ou à l’obésité mais ce n’est pas une condition nécessaire. Les dysfonctions mitochondriales vont induire une accumulation de lipides, menant à la RI.

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Les diètes très caloriques, riches en sucres, la consommation de stéroïdes à long-terme ainsi que le manque d’activité physique sont autant de facteurs qui peuvent induire sur des années une résistance à l’insuline. Il existe aussi des paramètres génétiques qui vont en influencer le développement.

La résistance à l’insuline dans le cas du diabète de type 2 provient de différents paramètres génétiques, mais surtout du mode de vie de la personne (activité physique et nutrition).

Un modèle de nutrition obésogène a été produit pour les rats afin d’étudier l’obésité [5]. En regardant l’apport journalier moyen des américains, on se rend compte que les proportions de graisses et de carbohydrates sont très proches. 

On comprend pourquoi une épidémie d’obésité a lieu aux Etats-Unis et d’autres pays suivant ce modèle alimentaire. L’obésité touche presque 30% de la population américaine, et risque d’entraîner la dégradation du niveau de vie en bonne santé et la longévité des personnes concernées [6;7].

Pour conclure,

Nos corps sont en moyenne assez efficaces pour stocker l’énergie. Ceci a eu de grands avantages pour notre espèce, permettant à ses individus de survivre à des périodes de famine ou des périodes de long jeûne forcé, puis de stocker l’excès de nourriture lorsqu’elle est abondante.

Malheureusement, ces voies de stockage deviennent un problème dans nos sociétés de surabondance alimentaire. Ce développement peut entraîner de graves problèmes de santé, car conserver une alimentation saine devient un challenge toujours plus difficile tant nos cerveaux sont conditionnés par le gras et les sucres.
Gérer ces problèmes nécessite l’usage de biomarqueurs afin d’en cibler précisément les causes et de tester les actions menées.

Il est possible d’optimiser son mode de vie afin de réduire, au moins un peu, les effets du vieillissement en “optimisant” son métabolisme. Dans cette optimisation, on compte la qualité nutritive, la méthode d’alimentation, mais aussi la pratique d’une activité physique régulière: facteur clé du vieillissement en bonne santé.  
Le doublement de la durée de vie de certaines espèces qui a pu être obtenu avec certaines méthodes de jeûne ou de restriction calorique ne s’applique cependant pas à toutes les espèces.

Si l’on veut drastiquement réduire le vieillissement, il faut chercher ailleurs. Nous explorerons quelques pistes dans la prochaine partie du dossier.

Louis Kokkinis

Author

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Louis is responsible for the vulgarization of articles and scientific watch for Long Long Life.
He is currently studying biology remotely at Aix-Marseille University. He also works on multiple biotechnology and engineering projects.

More about the Long Long Life team

Louis est responsable de la rédaction d’articles de vulgarisation et de veille scientifique pour Long Long Life. Il étudie la biologie à distance à l’université d’Aix Marseille. Il est également porteur de plusieurs projets de biotechnologies et ingénierie.

En savoir plus sur l’équipe de Long Long Life

Références:

[1] Rajman, L., Chwalek, K., & Sinclair, D. A. (2018). Therapeutic Potential of NAD-Boosting Molecules: The In Vivo Evidence. Cell Metabolism, 27(3), 529–547.

[2] Université Numérique Francophone des Sciences de la Santé et du Sport” (2011),. UMVF – Université Médicale Virtuelle Francophone.

[3] Feilong Deng , Ying Li , Jiangchao Zhao. (2019). The gut microbiome of healthy long-living people. Life extension advocacy foundation.

[4] https://www.diabetes.co.uk/insulin-resistance.html

[5] Buettner, R., Schölmerich, J., & Bollheimer, L. C. (2007). High-fat Diets: Modeling the Metabolic Disorders of Human Obesity in Rodents*. Obesity, 15(4), 798–808.

[6] Reilly, J. J. (2003). Health consequences of obesity. Archives of Disease in Childhood, 88(9), 748–752.

[7] Guh, D. P., Zhang, W., Bansback, N., Amarsi, Z., Birmingham, C. L., & Anis, A. H. (2009). The incidence of co-morbidities related to obesity and overweight: A systematic review and meta-analysis. BMC Public Health, 9(1).

Partie 2 : Pourquoi le jeûne peut-il être efficace pour la longévité

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Pourquoi le jeûne peut-il être efficace pour la longévité ?

En raison de nos modes de vie actuels, adopter une stratégie de jeûne peut améliorer la santé de nombreuses personnes, mais pas de la population entière. La variabilité des personnes et de leurs pathologies empêche d’appliquer une méthode globale. La méthode choisie (au moins en partie par votre médecin) doit correspondre à votre génétique, votre mode de vie, à vos obligations, vos carences ou maladies et évidemment à vos besoins nutritionnels. La difficulté est augmentée par le manque d’essais cliniques à grande échelle sur notre espèce. Seule l’étude CALERIE semble avoir testé la restriction calorique sur l’humain assez longtemps, et reste incomplète.

Certaines méthodes, comme le Time Restricted Feeding évoqué dans la 1ere partie de cette série d’articles, semblent présenter peu de risques sur les adultes en bonne santé, en surpoids, ou obèses. [1]

Principe général de fonctionnement du jeûne

Un jeûne va induire des modifications dans le fonctionnement du corps [2]. Sans apport de nourriture, le glucose sanguin (le sucre présent dans le sang) va être consommé. Une fois ce glucose consommé, le stock de glycogène, molécule composée de nombreuses molécules de glucose, sera utilisé comme nouvelle source de glucose via la transformation du glucose 1-phosphate (G1P) en glucose 6-phosphate (G6P), forme utilisable dans la suite du processus.
Ces réserves de glycogène s’amenuisent rapidement et bientôt, il n’y a plus ou très peu de glucose disponible à la consommation dans le corps.

Ce sont les adipocytes qui vont être recrutés pour assurer le relais et garder un corps fonctionnel.
Les adipocytes, cellules de stockage de la graisse, présentes dans les tissus adipeux, contiennent une très grande proportion (87%) de lipides, c’est-à-dire de gras, et ce sont ces lipides qui seront utilisés, directement ou non selon que les cellules possèdent ou non des mitochondries. La “graisse” est donc un stock d’énergie de long terme qui assure la survie de l’individu en cas de manque de nourriture et qui représente en moyenne entre 15 et 20% du poids d’un adulte [3].

Tous les organes ne peuvent pas consommer directement les lipides des adipocytes (majoritairement des triglycérides). C’est le cas du cerveau. Ces organes requièrent une transformation préalable, réalisée par le foie, en ce que l’on nomme les corps cétoniques.

Toutes ces fonctions et relais sont assurés par des mécanismes et interactions que nous verrons en détails dans la partie “Biomarqueurs & Métabolisme”.

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Tissu adipeux

Le principe général de la restriction calorique, et donc du jeûne dans ce cas, est la perte de masse grasse via la stimulation du métabolisme des lipides. Nous verrons que l’augmentation en nombre ou en taille (hyperplasie/hypertrophie) des adipocytes, en particulier la graisse viscérale chez les mâles, entraîne des problèmes justifiant de lutter contre cette accumulation de masse adipeuse.    

Analyse des résultats du jeûne sur le vieillissement d’espèces très variées dans l’arbre du vivant

La majorité des espèces ayant été testées, comme la levure [4] montre une réponse à la restriction calorique allant dans le sens de la longévité.

L’autophagie

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mitochondrie, une des cibles de l'autophagie si endommagée

L’autophagie correspond à la digestion par la cellule d’une partie de son propre contenu. Cette fonction permet de “recycler” des parties non fonctionnelles de la cellule comme des protéines, des organites ou des portions de membrane.
En 2016, le prix Nobel est attribué à Yoshinori Ohsumi pour ses travaux sur l’autophagie.

C’est donc un phénomène que l’on connaît depuis peu, mais il semble qu’il permette la survie fonctionnelle des cellules et le maintien de leur santé. La restriction calorique et le jeûne jouent un rôle significatif dans l’augmentation de l’autophagie, ce qui pourrait expliquer certains effets bénéfiques sur la santé chez toutes les espèces, en particulier les mammifères. Des exemple d’amélioration de la santé des tissus se retrouvent dans les muscles, le système nerveux [4], le foie [5], le coeur, le pancréas, etc...

En cas de famine chez la souris, l’hormone de croissance, influencée par la concentration de ghréline, active des récepteurs du foie, stimulant ainsi l’autophagie et la synthèse du glucose [6;11].

mTOR est une enzyme impliquée dans l’obésité, la faim, la gestion énergétique. Sa signalisation dépend de l’insuline, de la leptine ou encore de facteurs de croissance. Son rôle est entre autres de réguler la prolifération cellulaire en fonction des information nutritionnelles auxquelles elle a accès [15]. C’est en quelque sorte un senseur à nutriments. mTOR influence aussi l’autophagie dans tous les organismes testés (mTORC1) [16]. Lorsque son activité diminue, l’autophagie est augmentée. C’est le cas de l’autophagie neuronale des neurones corticaux et des cellules de Purkinje sur les souris en jeûne de court terme [6].  

Le rythme circadien joue aussi un rôle important dans la régulation de nos vies [17]. C’est une “horloge biologique” qui réalise des cycles d’environ 24h. La discipline étudiant ces cycles dans le vivant est la chronobiologie.

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Ce rythme circadien va donc influencer lui aussi les processus d’autophagie en stimulant l’appétit, la fatigue et diverses réponses de notre corps à son environnement. 

En 1984 M. Rosbash et Jeffrey Hall ont isolé le gène « period » qui contrôle le rythme circadien. Ils ont montré que la protéine PER (produite par ce gène) était accumulée dans les cellules de drosophile, avec l’aide de la protéine TIM (gène timeless), découverte par Michael Young en 1994, pour réduire l’activité du gène period [8]. Chez les mammifères des homologues de PER sont trouvés, PER1,2 et 3. Leur expression régule également la durée du cycle. 

L’intérêt du jeûne au sein de notre espèce, Homo sapiens

Les populations humaines dans les pays développés sont soumises à des facteurs qui peuvent mener à des problèmes de santé qui se répercutent sur le vieillissement.
La consommation de sucres, de produits transformés, le manque de fibres, mais aussi la sédentarité et donc le manque d’exercice physique : tous ces facteurs influencent notre mode de vie et pourraient réduire notre temps de vie en bonne santé.
En plus de tous les facteurs précédemment évoqués, notre cerveau nous pousse parfois à suivre sa propre logique dans un monde qui n’a plus rien du monde dans lequel nous avons évolué.

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Les zones adipeuses et en particulier la graisse viscérale (bas du ventre) chez les mâles sont des facteurs de risque importants face aux maladies du vieillissement.

En résumé,

Nos habitudes alimentaires et ce qui va autour influencent notre santé.
La restriction calorique met en jeu des mécanismes très variés qui peuvent se traduire par un changement plus ou moins profond au niveau de l’individu. Suivant les espèces on peut observer une augmentation très variable de l’espérance de vie allant jusqu’à 50% [18].

Le jeûne a également des effets sur la physiologie et la santé. Cependant ses effets précis sont difficiles à mesurer chez l’humain, à cause de la difficulté à mettre en place des protocoles contrôlables sur une durée suffisante et des publications contradictoires [14;19].

Il est clair que pour maximiser les effets bénéfiques liés à la santé dans le cas d’un jeûne, la qualité nutritionnelle de l’alimentation et la pratique d’une activité physique régulière [13] sont des conditions nécessaires. Ces facteurs multiples sont également une des difficultés rencontrées par les chercheurs.
C’est pour ces raisons que nous avons besoin de développer des sources d’informations biologiques précises et spécifiques sur le métabolisme et le vieillissement : ce sont les biomarqueurs.
Voyons cela ensemble dans la prochaine partie du dossier.


Louis Kokkinis

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He is currently studying biology remotely at Aix-Marseille University. He also works on multiple biotechnology and engineering projects.

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Références:

[1] Patterson, R. E., Laughlin, G. A., LaCroix, A. Z., Hartman, S. J., Natarajan, L., Senger, C. M., … Gallo, L. C. (2015). Intermittent Fasting and Human Metabolic Health. Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics, 115(8), 1203–1212.

[2] Sailaja, B. S., He, X. C., & Li, L. (2015). Stem Cells Matter in Response to Fasting. Cell Reports, 13(11), 2325–2326.

[3] Médecine Sorbonne Université. Chapitre 4 – Les tissus conjonctifs. Les tissus adipeux

[4] Campos, S. E., & DeLuna, A. (2019). Functional Genomics of Dietary Restriction and Longevity in Yeast. Mechanisms of Ageing and Development.

[5] Alirezaei, M., Kemball, C. C., Flynn, C. T., Wood, M. R., Whitton, J. L., & Kiosses, W. B. (2010). Short-term fasting induces profound neuronal autophagy. Autophagy, 6(6), 702–710.

[6] Fei Fang et Al. (2019). Growth hormone acts on liver to stimulate autophagy, support glucose production, and preserve blood glucose in chronically starved mice. PNAS published ahead of print March 25, 2019

[7] Lee, J. M., Wagner, M., Xiao, R., Kim, K. H., Feng, D., Lazar, M. A., & Moore, D. D. (2014). Nutrient-sensing nuclear receptors coordinate autophagy. Nature

[8] Challet, E. (2013). Circadian Clocks, Food Intake, and Metabolism. Chronobiology: Biological Timing in Health and Disease, 105–135.

[9] Bragazzi, N., Sellami, M., Salem, I., Conic, R., Kimak, M., Pigatto, P., & Damiani, G. (2019). Fasting and Its Impact on Skin Anatomy, Physiology, and Physiopathology: A Comprehensive Review of the Literature. Nutrients, 11(2), 249.

[10] Wang, F., Luo, J., Ding, D., Zhao, Q., Guo, Q., Liang, X., … Hong, Z. (2019). Elevated Fasting Blood Glucose Level Increases the Risk of Cognitive Decline Among Older Adults with Diabetes Mellitus: The Shanghai Aging Study. Journal of Alzheimer’s Disease, 1–11.

[11] Soeters, M. R., Lammers, N. M., Dubbelhuis, P. F., Ackermans, M., Jonkers-Schuitema, C. F., Fliers, E., … Serlie, M. J. (2009). Intermittent fasting does not affect whole-body glucose, lipid, or protein metabolism. The American Journal of Clinical Nutrition, 90(5), 1244–1251.

[12] Henderson, S. T. (2008). Ketone bodies as a therapeutic for Alzheimer’s disease. Neurotherapeutics, 5(3), 470–480.

[13] Palee, S., Minta, W., Mantor, D., Sutham, W., Jaiwongkam, T., Kerdphoo, S., … Chattipakorn, N. (2019). Combination of exercise and calorie restriction exerts greater efficacy on Cardioprotection than monotherapy in obese-insulin resistant rats through the improvement of cardiac calcium regulation. Metabolism.

[14] Rapport NACRe : Jeûne, régimes restrictifs et cancer: revue systématique des données scientifiques et analyse socio-anthropologique sur la place du jeune en France

[15] Cota, D. (2006). Hypothalamic mTOR Signaling Regulates Food Intake. Science, 312(5775), 927–930.doi:10.1126/science.1124147.

[16] Young Chul Kim, Kun-Liang Guan., (2015). mTOR: a pharmacologic target for autophagy regulation. J Clin Invest. 2015;125(1):25-32.

[17] Manoogian, E. N. C., & Panda, S. (2017). Circadian rhythms, time-restricted feeding, and healthy aging. Ageing Research Reviews, 39, 59–67.

[18] Bernard Lakowski and Siegfried Hekimi., (1998). The genetics of caloric restriction in Caenorhabditis elegans. Genetics Vol. 95, pp. 13091–13096.

Partie 1 : Quelles sont les méthodes de jeûne contre le vieillissement ?

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Quelles sont les méthodes de jeûne contre le vieillissement ?

Le jeûne semble avoir des effets sur la santé et influencer l’espérance de vie, et surtout l’espérance de vie en bonne santé, chez de nombreuses espèces. Le premier indice de ces effets a été mis en lumière dans les années 30 via une méthode de Restriction Calorique (CR).  

Cette expérience est alors documentée par Clive McCay, biochimiste et gérontologue américain, qui montre que cette pratique de CR mène à une augmentation de la longévité des rats testés. Cette réalisation a été un déclencheur de la recherche dans ce domaine [4].
La restriction calorique revient à diminuer l’apport calorique “normal” d’un organisme en conservant les constituants nécessaire à sa vie en bonne santé (vitamines, nutriments, etc). Les expériences varient dans leurs pourcentages de réduction calorique.

La restriction calorique a des effets certains sur la longévité de la majorité des espèces testées, allant des levures aux mammifères [5;6;10]. Les effets observés sont extrêmement dépendants de facteurs tels que le taux de restriction, le sexe, l’espèce [6].
Elle est utilisée comme pratique médicale dans certains cas d’obésité par exemple avec la pose d’anneaux gastriques ou la consommation de leptine, parfois appelée “hormone de la satiété”.

A Okinawa, une pratique appelée Hari Hachi Bu [8], ou Hara hachi bun me, signifie “la règle du ventre à 80%” et correspond à une sensation de satiété à 80%, et non 100% lors des repas. Bien réalisé, ceci revient quasiment à réaliser une restriction calorique de 20% !

Parmi la population d’Okinawa, on peut trouver 4 à 5 fois plus de centenaires que dans la majorité des pays industrialisés, interprété comme un effet de leur diète par des chercheurs comme Bradley, Craig Wilcox et Makoto Suzuke. Cependant, cette statistique ne s’applique pas aux Okinawans plus jeunes (<65 ans) qui n’auront donc pas plus de chances d’être centenaires que le reste de la population. Ceci pourrait être lié à l’influence des habitudes alimentaires importées par les États-Unis par exemple, correspondant sur le plan temporel [8] à la culture des Japonais les plus jeunes.

Ces zones à forte concentration de centenaires sont appelées “zones bleues” et sont au nombre de 5 identifiées dans le monde. Parmi ces zones on retrouve Okinawa, Icarie en Grèce, Nicoya au Costa Rica, la Sardaigne en Italie et enfin Lomo Linda aux États-Unis. Les population centenaires de ces zones sont connues pour avoir un mode de vie différent de la “population moyenne” sur plusieurs points, de l’interaction sociale au régime alimentaire.

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Chez la souris, la restriction calorique de long-terme sans carence a de nombreux effets bénéfiques comme la réduction de la résistance à l’insuline, des problèmes thyroïdiens liés à l’âge, le maintien de la plasticité des tissus adipeux avec la transformation des graisses blanches (WAT pour White Adipose Tissue) en graisses brunes (BAT pour Brown Adipose Tissue) [12;17] ainsi que l’amélioration de symptômes de déficience cognitive [9].

La restriction calorique serait une stratégie difficile à implémenter au sein de notre propre espèce, de par la sensation de faim qui en résulte, mais aussi du fait de l’importance sociale et culturelle de la nourriture. De plus, la restriction calorique rencontre des contre-indications vis à vis de certains groupes de patients présentant des contre-indications de santé.

Pour profiter des avantages de la restriction calorique en tentant de diminuer ses inconvénients, diverses stratégies sont étudiées.

Différentes méthodes de jeûne: des stratégies valables pour réduire l’impact du vieillissement ?

Le jeûne pourrait s’avérer utile pour profiter de certains effets de la restriction calorique, ou au moins de les comprendre. Nous nous intéresserons ici aux jeûnes intermittents, c’est à dire de 48h maximum. Le jeûne périodique, supérieur à 48h, est beaucoup plus rare et difficile à mettre en place.

Des expériences randomisées à grande échelle sont encore nécessaires au sein de la population adulte pour pouvoir mettre en valeur les avantages et désavantages précis de ces méthodes. Il est suggéré que ces expériences durent au moins un an afin d’avoir le recul nécessaire concernant des conclusions sur le métabolisme de long-terme ainsi que l’impact sur le vieillissement [28].
Les essais cliniques ne sont actuellement pas assez nombreux et présentent parfois de grosses lacunes, avec l’absence d’un groupe contrôle, le temps de l’expérimentation, le nombre de participants, les mesures effectuées, etc.

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Jeûne d’un jour complet, Whole-day fasting (WDF):

Le jeûne complet consiste à pratiquer un jeûne de 24 heures régulièrement (une fois par semaine par exemple). Cette méthode semble difficile à mettre en place à cause de la sensation de faim qui en résulte, et de nos modes de vie. Une proportion importante d’abandons est documentée.

Jeûne en jour alterné, Alternate day fasting (ADF):

Le jeûne en jour alterné revient à couper complètement l’apport en nourriture un jour sur deux, et manger librement l’autre jour.
Au même titre que le WDF, l’ADF est une méthode difficile à tenir sur le long terme, mais potentiellement moins que la restriction calorique quotidienne. L’ADF permettrait de traiter l’obésité par exemple, en entraînant un déficit d’énergie supérieur à une restriction calorique modérée, selon une expérience de 8 semaines (puis 24 semaines de suivi non supervisées) avec 29 participants randomisés au départ et 21 en fin d’expérience [13;14].  
Cette méthode est assez difficile à implémenter dans certains cadres de vie, l’alternance peut être remplacée par des jours fixes au long de la semaine.

Le jeûne en jour alterné modifié, ou Modified Alternate-Day Fasting

Le jeûne en jour alterné modifié consiste à jeûner totalement ou consommer jusqu’à environ 500-600 calories, soit 25% de l’apport calorique “normal” sur une période d’un ou deux jours par semaine. Il n’y a pas de restriction en dehors de ces jours de jeûne. Un exemple de régime alimentaire sur ce principe est le régime 5:2. 5 correspond au nombre de jours d’apport en nourriture “normal” et 2 aux jours de restriction calorique.
Ce type de jeûne peut s’avérer utile et permettrait une gestion plus aisée du poids, afin de continuer à en perdre de façon stable sur le long-terme [14;28].  

Time-Restricted Feeding, l’alimentation en temps restreint

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La pratique du jeûne intermittent, ou Time-Restricted Feeding (TRF) en anglais, consiste à réduire la fenêtre de temps durant laquelle la nourriture est consommée durant la journée.
La fenêtre en question peut aller de 1h à 12h suivant les méthodes. À titre d’exemple, une forme commune de TRF consiste à jeûner sur une période de 16h, puis manger sur une période de 8h. En mangeant son dernier repas à 20h et en sautant le petit déjeuner, on arrive à une période de jeûne de 16h vers midi.
Cette méthode a l’avantage d’être relativement facilement adoptée et semble pouvoir apporter des bénéfices à ceux qui l’ont expérimentée (peu d’abandons dans les études comparé aux autres méthodes d’IF, soit environ 10% contre 20%).

Les effets du TRF sont démontrés chez de nombreuses espèces [15]. Cette stratégie pourrait être une alternative à la restriction calorique, car même si l’impact de cette pratique varie grandement entre espèces, cette pratique induit certains effets de la restriction calorique : diminution du LDL cholestérol et des triglycérides (chez l’humain) [16], une diminution des taux de glucose et d’insuline, souvent une perte de poids.

Le TRF pourrait également entraîner une diminution de facteurs inflammatoires (comme IL-6 et TNF-α) chez certaines espèces [16], mais les données pour l’humain sont trop limitées pour conclure.
Même si les données manquent pour l’assurer, il semble qu’un jeûne d’au moins 10-12h apporte des bénéfices non présents dans les fenêtres de TRF moins longues [16].

Mimetics diets : mimer l’action du jeûne sur l’organisme

Il existe un domaine de recherche qui s’intéresse à l’induction des effets bénéfiques de la restriction calorique et du jeûne volontaire. Ceci offrirait la possibilité de réaliser des tests cliniques plus précis, plus faciles à mettre en place, ceci sans modifier et dépendre du mode de vie des participants. Cette approche permettrait donc d’implémenter des traitements directement au sein des population en cas de succès.
Plusieurs options sont envisageables pour ces stratégies de mimétisme, comme la les traitements médicamenteux, et la thérapie génique directe ou visant le microbiote intestinal.

Ces méthodes auraient l’avantage de faire profiter une grande partie de la population des effets bénéfiques de la restriction calorique sur le vieillissement et ses pathologies associées [18] . Cependant, il semble également enviable de former la population aux problématiques de nutrition et de santé dans notre société de plus en plus sujette à la “malbouffe” et à la sédentarité.

Enfin, il sera peut être possible d’améliorer les effets “naturels” des méthodes de restriction calorique et ainsi d’avoir un impact bien plus significatif sur le temps de vie en bonne santé.  

Metformin, resvératrol et rapamycin [17] sont des candidats, en particulier la rapamycine qui influence le circuit mTOR, que nous verrons plus loin. Cependant, il est bon de garder le sens des proportions : même avec un médicament et les effets complets de la restriction calorique, le vieillissement sera toujours présent et l’impact de la CR n’est pas le même entre C.elegans et H.sapiens.  

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Pour conclure,

Nous avons vu dans cette partie le principe de restriction calorique ainsi que plusieurs stratégies de jeûne. L’impact de la restriction calorique sur la santé et les maladies liées à l’âge semble consensuel parmi la communauté scientifique. Les diverses stratégies de jeûne sont étudiées dans le but d’obtenir des résultats s’approchant de la restriction calorique du point de vue de la santé, tout en étant plus faciles à implémenter dans un mode de vie “classique” et sans subir continuellement une sensation de faim. Les méthodes sont variées et nous n’avons malheureusement pas beaucoup de données pour déterminer leur efficacité au sein de notre espèce, en particulier sur le long terme. Ceci est dû aux difficultés de recrutement de volontaires, à la constance tout au long de l’expérience, au contrôle…

Cependant plusieurs bénéfices semblent ressortir des séries d’expériences [19;20;21]. La longévité semble augmentée, à différents degrés suivant les espèces et les techniques employées. Des facteurs de risques sont diminués et les taux de certains biomarqueurs s’en trouvent grandement améliorés. Il faut prendre soin du contenu de son alimentation et favoriser une nourriture équilibrée, variée, riche en fibres. Concernant le Time Restricted Feeding par exemple, favoriser la nourriture riche en nutriments permet de diminuer la sensation d’avoir trop mangé tout en ayant un apport suffisant sur une fenêtre restreinte.  
Mais pourquoi et comment ces méthodes influenceraient-elles notre longévité, ou rallongeraient-elles notre vie en bonne santé ?
C’est ce que nous verrons dans la prochaine partie de ce dossier !

Jeûne et vieillissement

Louis Kokkinis

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Références:

[1] Patterson, R. E., Laughlin, G. A., LaCroix, A. Z., Hartman, S. J., Natarajan, L., Senger, C. M., … Gallo, L. C. (2015). Intermittent Fasting and Human Metabolic Health. Journal of the Academy of Nutrition and Dietetics, 115(8), 1203–1212.

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[3] Médecine Sorbonne Université. Chapitre 4 – Les tissus conjonctifs. Les tissus adipeux

[4] Campos, S. E., & DeLuna, A. (2019). Functional Genomics of Dietary Restriction and Longevity in Yeast. Mechanisms of Ageing and Development.

[5] Alirezaei, M., Kemball, C. C., Flynn, C. T., Wood, M. R., Whitton, J. L., & Kiosses, W. B. (2010). Short-term fasting induces profound neuronal autophagy. Autophagy, 6(6), 702–710.

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[8] Challet, E. (2013). Circadian Clocks, Food Intake, and Metabolism. Chronobiology: Biological Timing in Health and Disease, 105–135.

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