Neurosciences et transhumanisme, bienvenue dans l’Économie de la Pensée !

Processus de pensées, neuroscience et transhumanisme
Bienvenue dans l’Économie de la Pensée !

Billet d’opinion de Lucas Perez, CEO de Health My Project

Avènement d’un monde dominé par les processus de pensées

Les processus de pensées sont omniprésents dans notre vie quotidienne et certains vont même jusqu’à dire que nous produisons entre 60 000 et 80 000 pensées par jour. Cela étant dit, ces affirmations sont à prendre avec des pincettes car elles ne se basent pas sur une définition commune de ce qu’est la pensée. Dès lors, quantifier la pensée relèverait-il du mythe ?1

La pensée relève à la fois d’un cheminement neuronal et à la fois d’un fonctionnement inconscient. Ce fonctionnement inconscient complémentaire du fonctionnement organique génère nos émotions, nos idées et notre créativité qui façonne peu à peu le monde d’aujourd’hui et de demain. Bien qu’une étude américaine de 2017 ait réussit à retracer la formation d’une « pensée » au sein de notre cerveau2, les processus symboliques de la pensée potentialisés dans le rêve restent un champ d’étude encore peu étudié par les neurosciences.

Les neurosciences ont étudié les fonctions du sommeil sur notre état biologique tels que notre tonus musculaire au repos ou encore ses conséquences pathologiques à moyen et long-terme dans le développement de cancers et de maladies cardiovasculaires. Or, la fonction du rêve est tout aussi importante à étudier et se révélera déterminante pour appréhender la dynamique des processus de pensée de l’humain dans ses rapports à lui-même et à autrui.

Ainsi en est-il, nous sommes passés en plus de 200 ans, d’une économie basée sur la valeur productive du corps avec la prédominance des secteurs agricole et industriel à une économie centrée sur le travail de la pensée dont le secteur tertiaire en est le porte-étendard.

L’émergence au cours des 40 dernières années des technologies de l’information et de la communication semble avoir accéléré la transformation de cette économie hybridée du corps et de la pensée vers une économie exclusive de la pensée.

Nous vivons aujourd’hui dans une économie de transition où les processus de pensée se développent massivement et tendent inéluctablement vers ce que nous appelons l’Économie de la Pensée. Cette économie exclusive de la pensée n’est pas l’œuvre du progrès technologique. Elle est l’œuvre de l’humain lui-même !3

L’avenir de l’Homme se jouera-t-il dans son espace cérébral ?

Mécanique neuronale Vs Mécanique inconsciente !

Nous disions que les processus de pensées sont omniprésents dans notre vie quotidienne. Toutefois, nous pouvons nous interroger à juste titre sur ce qu’est une pensée.

Selon les neurosciences, une pensée est le produit de l’activité électrique neuronale de notre cerveau. Toutefois et bien que le cerveau soit l’organe biologique de nos pensées, le développement des émotions, de la créativité et des idées semble s’effectuer à un autre niveau.

Outre l’approche neuroscientifique étudiant le cheminement des pensées dans certaines zones du cerveau tels que le cortex préfrontal, d’autres approches en sciences humaines et sociales permettent de dire aujourd’hui que nos processus de pensées sont en grande partie inconscients. Dès le XIXe siècle, la psychanalyse et les travaux de Sigmund Freud conceptualisaient deux niveaux de fonctionnement psychique que sont les processus primaires et les processus secondaires4. Le premier fonctionnerait sous un registre irrationnel et associatif alors que le second serait déterminé selon des associations en relation avec le réel. Pour corroborer scientifiquement, ce cheminement psychique, des chercheurs de l’Université du Michigan ont élaboré le Geometrical Categorization Task, en postulant que la logique du processus primaire établit des associations sur la base d’attributs superficiels tels que des couleurs ou des formes. Les processus secondaires quant à eux, établissent des jugements de similarité basés sur une analyse contextualisée et totale d’un objet ou d’un mot5. Ces recherches et création d’outil d’analyse de la pensée relèvent davantage de la psychologie clinique et de l’étude des causes de la pensée.

Par conséquent, les neurosciences ont une approche comportementaliste dans l’étude de la pensée et des actions. Ainsi en est-il, le neuroscientifique va étudier comment l’Homme anticipe d’une milliseconde l’action qui va enclencher l’acte d’écrire, de parler ou encore de jouer d’un instrument de musique6. Il peut aussi étudier et développer en coopération avec d’autres disciplines telles que la mécatronique, des solutions fonctionnelles comme ce fut le cas en octobre 2019 avec un jeune tétraplégique qui a pu commander par la pensée une neuro-prothèse lui ayant permis de remarcher quelques mètres. Cette prouesse réalisait par une équipe de chercheurs du centre de recherche Clinatec de Grenoble renforce un peu plus les progrès dans le domaine de l’interface neuronale directe appelée aussi interface cerveau-machine7.

Le rapport entre la mécanique neuronale et la mécanique inconsciente ne doivent pas être mis en opposition. Ces deux mécaniques évoluent à des degrés et des registres différents. L’un sur le registre du conscient et l’autre sur le registre inconscient.

Le débat consistant à savoir si la pensée se situe dans le cerveau ou dans une entité psychique à part entière persistera. Quoiqu’il en soit, l’avenir de l’Homme se jouera à la fois sur le plan organique et psychique.

L’équilibre somato-psychique de l’Homme pourra être vu comme un indicateur de santé physique et mentale permettant de renseigner globalement sur la « bonne santé » d’une civilisation. Partant de ce postulat, la virtualité ou encore l’augmentation des capacités fonctionnelles et physiologiques de l’humain pourront être questionnés.

Analyse du transhumanisme au regard des processus de civilisation

Le transhumanisme est un courant de pensées et un ensemble de techniques visant à améliorer pour certains et à optimiser pour d’autres les capacités physiques et/ou cognitives de l’humain.

Ce mouvement idéologique fait l’objet de nombreux débats partagés entre la crainte et la fascination de voir un jour apparaître un surhomme rationnel et animé d’une volonté de puissance au sens Nietzschéen du terme8. Bien que décrié par certain, le transhumanisme peut être synonyme de progrès scientifique comme on a pu le constater à travers le projet Neuralink du célèbre entrepreneur californien Elon Musk. Ce dispositif d’interface homme-machine vise à coupler l’intelligence humaine à une intelligence artificielle capable d’extraire et d’induire de l’information à travers un dispositif implantable dans le cerveau. Bien que la stimulation cérébrale profonde ne soit pas une nouveauté car datant des années 1980-1990, la miniaturisation des électrodes et le traitement de l’information neuronale se perfectionnent grandement. Ainsi, l’idée d’augmenter la conscience humaine a permis un développement scientifique et une innovation de continuité potentiellement bénéfique à la civilisation et à ses sujets les plus fragiles. Ainsi en est-il des parkinsoniens pour qui la stimulation cérébrale profonde peut permettre une détection voire une action sur leurs tremblements.

A travers les recherches que mène Calico, filiale d’Alphabet Inc. (Google) sur la longévité de rats-taupes défiant les lois mathématiques9, nous pourrions voir un acte de civilisation. Acte de civilisation provenant du fait que l’humain tente de comprendre son environnement extérieur en étudiant les processus biologiques de l’animal. L’utilisation des résultats de recherche à des fins de biomimétisme interrogera quant à elle sur ses finalités.

La réussite des processus de pensées et donc de la civilisation pourrait aussi s’analyser au regard du rapport de l’Homme à la virtualité et au temps d’utilisation des produits et services connectés. Il a été prouvé que la virtualité et l’hyperconnectivité peuvent aggraver la charge mentale de l’Homme10 ce qui peut sembler problématique si l’on envisage de digitaliser l’ADN humain afin d’avoir une représentation digitale de nous-même comme le propose l’entreprise de biotechnologie chinoise ICarbonX. Nous savons aujourd’hui que l’hyperconnectivité peut être un vecteur de stress chronique qui couplée à la virtualité peut faire coexister autour de nous une réalité autre que celle qui nous entoure. Dès lors, la virtualité peut impacter la cohésion de groupe et donc la réalité construisant notre capacité à vivre en collectivité.

Analyser les réflexions et techniques transhumanistes au regard des processus de pensées revient à s’interroger et à analyser les interactions avec le corps, l’esprit et l’environnement de l’Homme. Ces analyses ne sont pas à prendre à la légère car une atteinte aux corps et aux processus de pensées risque d’être irréversible. Le corps sera-t-il atrophié en raison de sa sous-utilisation ? Le corps sera-t-il systématiquement augmenté ? Nous possédons un corps biologique et une psyché qui devront à l’avenir ne pas être négligée au profit de la connaissance technologique. Nous n’associons pas involontairement le mot « avenir » aux concepts de pensée, d’humain, d’inconscient ou encore de civilisation. De même, nous ne voulons pas créer une différence polémiste entre le mot « avenir » et les concepts de mondialisation, d’économie numérique, d’IA ou encore de transhumanisme.

Dans cette logique, l’humain semble être un point fixe et stable de l’histoire contrairement au progrès scientifique. Dès lors, les réflexions et les techniques transhumanistes devront tenir compte de la trilogie du corps, de l’esprit et des phénomènes de groupe afin de ne pas déstabiliser les processus civilisationnels passés et à venir. L’Homme sera à la fois le problème et la solution de la Nouvelle Économie !

Jeûne, restriction calorique et vieillissement

Jeûne et Vieillissement

Les effets du jeûne et d’autres régimes alimentaires semblent avoir un intérêt dans les processus de vieillissement.
Le jeûne est la privation prolongée de nourriture. On considère que la phase de jeûne commence environ 6h après le dernier repas chez l’humain. Le « jeûne » regroupe de nombreuses méthodes différentes et nous en traiterons en détail dans ce dossier.
La capacité à résister à l’absence de nourriture est très dépendante des espèces et s’explique par des mécanismes évolutifs conduisant à différentes capacités de stockage de réserves. Ceci est dû à des mutations aléatoires qui ont été renforcées car donnant potentiellement un avantage dans la survie.

Par exemple, les ours peuvent hiberner ou parcourir de très longues distances, comme les oiseaux migrateurs, et tout ça  sans apport de nourriture.
Les humaines sont relativement bien équipés pour faire face à la pauvreté en nourriture. Ceci a permis à nos ancêtres de survivre pendant des périodes très difficiles – périodes durant lesquelles la nourriture n’était pas disponible à foison.

Sur plusieurs espèces, différentes stratégies de jeûne, que nous verrons en détails, ont été expérimentées et donnent parfois des résultats impressionnants concernant le vieillissement et le développement de problèmes liés à l’âge. C’est le cas par exemple de macaques rhésus [1].

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Ce dossier sera constitué de 4 articles : nous verrons dans un premier temps ce qu’est le jeûne, puis nous nous pencherons sur les raisons d’une efficacité de certaines diètes dans les processus de vieillissement.

L’intérêt sera ensuite porté sur le métabolisme derrière le jeûne et les biomarqueurs permettant de mesurer ses effets.

Enfin nous traiterons de la variabilité génétique dans les réponses à différentes méthodes de jeûne face au vieillissement.

Le jeûne dans l’histoire

Dans l’histoire, les famines ont été un problème récurrent pour notre espèce.  Notre chance dans ce contexte est de pouvoir stocker un apport en excès de nourriture afin qu’il soit utilisé en temps de famine. On pourrait assimiler ce manque d’apport à du jeûne forcé et cela a été un facteur déterminant de l’évolution au long cours de notre espèce.
La pratique du jeûne « volontaire » se retrouve dans de nombreuses cultures et dans plusieurs religions monothéistes qui ont des périodes de jeûne (carême, ramadan) inscrites dans leurs rites. Les raisons invoquées pour ces rituels sont évidemment spirituelles mais se peut-il qu’ils aient été mis en place également par observation empirique des bénéfices du jeûne ?

Les mécanismes de stockage et de production d’énergie : les fondations du vieillissement ?

Notre corps puise son énergie de deux sources principales : les sucres et les lipides. Il les décompose pour pouvoir les exploiter ; on dit qu’il les métabolise.

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– Le glucose, un sucre, provient des glucides que nous mangeons. Ces glucides sont dégradés en glucoses par des enzymes endogènes mais aussi par l’action du microbiote intestinal. Ils subissent parfois d’autres modification pour être utilisés par nos organes comme source d’énergie.

L’excès de glucose est majoritairement stocké sous forme de glycogène dans le foie (qui le produit) et dans les muscles squelettiques. Ce glycogène est un polymère de glucose : une grande molécule composée de petites molécules de glucose. Le glycogène sert de “réserve d’énergie” et peut être relâché dans le sang sous forme de glucose (glucose sanguin).

– Les lipides, le gras, quant à eux proviennent des réserves présentes dans les tissus adipeux. Les acides gras peuvent être directement assimilés par certains organes.

Tous les organes ne sont pas capables d’assimiler directement les acides gras présents dans les adipocytes qui contiennent en moyenne 87% de lipides (triglycérides majoritairement). Ces acides gras sont transformés, au besoin, en corps cétoniques qui seront utilisables par certains organes comme le cerveau [2,3].

Le glucose est utilisé en priorité tant que son taux est suffisant. En cas de manque de glucose, les corps cétoniques prennent le relais mais sont moins directement consommables. Ces mécanismes sont régulés par l’action d’hormones que nous verrons en détail plus loin.

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Le stockage de l’énergie dans notre corps peut être comparé à la différence entre un plat au restaurant et un plat surgelé. Le plat de restaurant correspond au glucose, facilement accessible et consommable directement tandis que les plats surgelés se réfèrent aux lipides. Ils ont besoin d’une préparation en amont de la consommation.

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Le foie

Le foie est l’organe capital de cette gestion de l’énergie. Responsable de la production de bile, il assure également des fonctions de synthèse et de dégradation de nombreuses molécules.
Les fonctions de synthèse sont par exemple la transformation de glucose en glycogène. C’est la glycogenèse. Le foie peut, à l’inverse, relâcher du glucose dans le sang grâce au procédé inverse.

Le jeûne est donc une pratique millénaire, qu’elle soit forcée par le manque de nourriture ou encouragée par des préceptes religieux. Ceci n’en fait pas un argument pour juger de son efficacité.
Nous allons tenter d’éclaircir cela dans les prochaines parties, maintenant que nous avons quelques bases sur les principaux mécanismes de stockage et d’utilisation de l’énergie.

[ATTENTION] Avant de commencer un jeûne, demandez conseil aux professionnels de santé, comme votre médecin traitant. Selon les pratiques et les individus, le jeûne peut s’avérer dangereux pour votre santé s’il n’est pas correctement réalisé et pourrait entraîner des carences. Dans le cas de certaines pathologies, il doit être encore plus finement contrôlé.
Pratiquer des modifications non contrôlées sur sa diète peut s’avérer dangereux. Dans le cas d’une carence non repérée, cela peut mener à des complications plus sérieuses.
Par exemple, une femme de 38 ans décide d’adopter une technique de jeûne, sans savoir qu’elle  a une carence en fer. Malheureusement, elle n’intègre pas d’aliment riche en fer dans sa nouvelle alimentation et se retrouve quelques années plus tard avec un oedème du bas des jambes ou encore un arrêt des règles.
Avant de modifier drastiquement votre hygiène de vie et d’essayer une technique de jeûne, consultez votre médecin.

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Jeûne & vieillissement

Louis Kokkinis

Author

Auteur

Louis is responsible for the vulgarization of articles and scientific watch for Long Long Life.
He is currently studying biology remotely at Aix-Marseille University. He also works on multiple biotechnology and engineering projects.

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Louis est responsable de la rédaction d’articles de vulgarisation et de veille scientifique pour Long Long Life. Il étudie la biologie à distance à l’université d’Aix Marseille. Il est également porteur de plusieurs projets de biotechnologies et ingénierie.

En savoir plus sur l’équipe de Long Long Life

Références:

[1] Colman RJ & Al,. (2009). Caloric restriction delays disease onset and mortality in rhesus monkeys. Science.;325(5937):201-4.

[2] http://www.srmuniv.ac.in/sites/default/files/files/KETONEBODYMETABOLISM.pdf

[3] http://watcut.uwaterloo.ca/webnotes/Metabolism/Fat.html#fatKetoneBodyMetabolism

[4] McDonald, R. B., & Ramsey, J. J. (2010). Honoring Clive McCay and 75 Years of Calorie Restriction Research. The Journal of Nutrition, 140(7), 1205–1210.

[5] Michel Poulain, Anne Herm and Gianni Pes. (2013) The Blue Zones: areas of exceptional longevity around the world. Vienna Yearbook of Population Research, pp. 87-108.

Un monde sans maladies, à travers le prisme de la philosophie moral

1/3 – Expériences de pensées

 

« Je voudrais faire un livre qui dérange les hommes, qui soit comme une porte ouverte et qui les mène où ils n’auraient jamais consenti à aller, une porte tout simplement abouchée à la réalité. » 

Cet extrait de l’Ombilic des Limbes, de Antonin Artaud, s’applique parfaitement au questionnement humaniste que je souhaitais explorer avec vous aujourd’hui : Que pensez-vous d’une vie passée sans la peur ni le risque de subir de graves maladies ? Ce questionnement pose celui de notre identité en tant qu’humanité : que souhaitons-nous pour demain en tant qu’humain ?

Sur ce nouveau rapport au temps, il ne nous est plus demandé de ne réfléchir qu’à “l’humain du moment présent” uniquement, mais d’étendre la réflexion à “l’humain de demain”. N’importe qui reconnaîtra que toutes nos recherches, en médecine, visent à permettre aux humains de faire des cancers, du sida, de la maladie d’Alzheimer et d’autres pathologies de simples mauvais souvenirs. C’est l’objectif notoire et altruiste de n’importe quel institut impliqué dans la recherche biomédicale. Si l’on prolonge maintenant ce raisonnement, n’importe qui reconnaîtra que l’objectif est de réussir ces recherches. Qui souhaiterait qu’une équipe sur le point de découvrir un traitement contre une grande maladie échoue ?

Très bien. Pourtant, la réflexion s’arrête trop souvent à ce stade. Étant moi-même dans un institut de recherche, je suis toujours très surpris que personne ne s’interroge sur “que se passerait-il ensuite si nous réussissions à guérir toutes les maladies?”. Car, oui, si nous souhaitons la réussite des projets de chaque équipe de recherche, il arrivera potentiellement un moment où l’intégralité des maladies seront soignées. À quoi ressemblera alors notre humanité ? Si votre curiosité est sensible à cette expérience de pensée, alors accrochez bien votre ceinture, puisque réfléchir à cela c’est assumer un questionnement transhumaniste.

Mais il ne s’agit pas d’une réflexion s’inscrivant dans une quelconque idéologie ou culte technocratique. Technologie et Humain sont indissociables, et croire en l’un revient à croire en l’autre. Loin de toute vision techno-prophétique, où la technologie sauverait l’humanité, la première n’est en réalité ni bonne ni mauvaise en théorie, et se veut tout sauf neutre en application.

Non, il s’agit ici d’explorer le transhumanisme en tant que philosophie morale. Pour reprendre l’expérience de pensée de Gaëtan Selle (The Flares) : imaginez que vous puissiez vivre dorénavant avec la santé de vos 20 ou de vos 30 ans sans que celle-ci ne puisse se dégrader. Existerait-il alors un nombre d’années à partir duquel la vie deviendrait moins souhaitable que la mort ? En d’autres termes, si le vieillissement et les maladies qui lui sont liées n’existaient plus, souhaiteriez-vous vivre uniquement 82 ans, espérance de vie actuelle en France ?

J’ai souvent trouvé dommage d’entendre des personnes qui, à partir de 30, 40, 50 ans, se considèrent trop vieilles pour commencer à jouer d’un instrument, faire la fête, apprendre les mathématiques, une nouvelle langue, ou encore partir en voyage à l’autre bout du monde. De manière générale, pourquoi faudrait-il simplement accepter que, lorsque l’on arrive à l’apogée de notre carrière, il faille commencer à perdre à petit feu ses capacités physiques et mentales ?

Quelque part, comment est-il possible que nous acceptions simplement de se dégrader ? Se perdre, alors que notre vie commençait à être bien construite, bien remplie. Quelles sont les sources de ce syndrome de Stockholm envers le vieillissement ? Comment cette lente décomposition de notre corps, de notre esprit, peut nous hypnotiser au point que nous lui trouvions un sens, du respect, et que nous placions la vieillesse comme étant l’épilogue naturel, l’apothéose, de notre passage sur Terre ?

En résumé, même si cela est “naturel” et que chaque humain ayant vécu avant nous l’a subi, pourquoi devrait-on forcément nous laisser biologiquement vieillir ?

2/3 – Nouvelles potentialités

 

Avec ce nouveau rapport au temps, on peut aisément faire une distinction entre “être humain dans le moment présent” et “être humain dans la continuité”. Depuis toujours, nos vies sont faites de ruptures : bonne santé – maladie – bonne santé – blessure – bonne santé – arthroses – perte de la vision, etc…

Mais dorénavant, par la compréhension croissante des mécanismes cellulaires et moléculaires du corps humain, nous pouvons entrevoir de mettre davantage de continuité, moins de ruptures, dans notre expérience de vie (aussi bien physique que mentale, vis-à-vis notamment des neurodégénérescences). Cette quête de continuité peut ainsi se résumer à cette autre question : comment pouvons-nous continuer à vivre pleinement sans avoir peur, demain, de perdre notre intégrité physique ou mentale ?

Nous souhaitons tous vivre vieux, pour jouir -selon chacun- d’une grande famille, de grands projets, d’une grande carrière. Mais qui souhaite être vieux ? Vous avez sûrement relevé que sont opposées ici deux définitions de l’adjectif “vieux”. La première se veut uniquement chronologique (acquérir de l’expérience, de la sagesse), tandis que la seconde est purement biologique (fragilité osseuse, perte de la vision, de la mémoire […]). En d’autres termes, c’est opposer “vieillir” dans le sens “avoir le temps de faire” et “vieillir” dans le sens “ne plus avoir la capacité de faire”. 

Face à une telle incompatibilité, est-il possible de dé-synchroniser les deux ? Mieux, demandons-nous s’il est souhaitable de le faire ? Est-il souhaitable d’avoir le temps de faire de grandes choses ET de continuer à avoir la capacité de les faire ? C’est là une des raisons d’être de la recherche de la longévité, celle d’avoir la tête bien remplie dans un corps en excellente santé. Mais c’est ici, aux portes du véritable questionnement transhumaniste, que mon argumentation doit se taire : c’est désormais à vous de réfléchir à votre propre réponse. Qu’est-il souhaitable pour l’humain de demain ?

Toute personne qui rétorquerait que “si c’est pour vivre 20 ans de plus sur un lit d’hôpital, non merci”, ne ferait qu’enfoncer une porte ouverte. Vraisemblablement, personne ne le souhaite, et surtout pas ceux qui prônent l’allongement de la vie. Il serait assez dommage de confondre “espérance de vie” avec” espérance de vie en bonne santé”. D’ailleurs, les anglais disposent d’un terme parfait, que malheureusement nous n’avons pas : healthspan (health pour santé, span pour période). Entre-nous, je vous inviterais bien à faire fi de la bienséance académique française pour utiliser cet enrichissant anglicisme.

Il est probable que tout ce questionnement se résume à celui de la souffrance dite “non souhaitée”. Ou dit autrement, comment minimiser celle-ci, le plus robustement possible, par nos actions et nos politiques communes, principe fondamental de l’altruisme efficace. En réfléchissant de cette manière, je suis ainsi persuadé que la recherche sur les maladies liées au vieillissement devient une de nos priorités. Qu’est-ce qui fait le plus souffrir, entre continuer à pouvoir développer une tumeur ou continuer à posséder un Iphone 10 alors que l’Iphone 11 est sorti ?

Si la réponse semble évidente, des sommes astronomiques sont pourtant engagées, aussi bien pour développer nos nouveaux smartphones que pour réaliser leur publicité, bien plus que pour la recherche sur le vieillissement. 

3/3 Synthèse

Intellectualiser donc, donner du sens, ne plus simplement subir pour la simple raison que c’est une universalité. Êtes-vous de ceux qui rétorquent que c’est la mort qui donne du sens à la vie ? Je n’ai personnellement jamais réussi à me projeter dans cette manière de voir les choses. Cette phrase ne sonne-t-elle pas comme une peur d’oser prendre en main sa vie, et d’accepter d’en être le capitaine ? 

Dans une autre expérience de pensée, le théoricien David Wood nous propose de concevoir la longévité tout comme nous pourrions imaginer un enfant, débordant de vitalité, qui préférerait continuer à jouer dehors alors que le Soleil se couche et que ses parents l’appellent pour rentrer. Que vous soyez défenseur ou non de l’allongement de la longévité, n’est-ce pas ici un argument assez puissant pour reconnaître que nous n’avons pas besoin de nous rattacher à la probabilité de mourir un jour pour simplement éprouver l’envie de vivre et d’en profiter ? 

Une séance de psychanalyse de ces nouveaux courants humanistes diagnostiquerait probablement une quête infantile de la performance, où chacun chercherait uniquement à être plus intelligent ou vivre plus longtemps.

Pour peu que cela soit vrai, en quoi cela diffère-t-il d’institutions déjà en place, comme notre système scolaire, où l’objectif principal et assumé -même si ce n’est pas le seul- est de rendre les élèves plus intelligents ? Dans le même raisonnement : en quoi imaginer un monde où l’on ne meurt plus de maladies liées au vieillissement diffère-t-il du combat contre la mort que représente l’acte de sauver un prématuré, ou de celui consistant à sauver une personne avec une opération à cœur ouvert ? Si l’objectif de notre médecine est d’échapper à ce qui devrait “naturellement” arriver, cela ne fait-il pas de la médecine la plus transhumaniste de nos créations ?

Ce qui est naturel, c’est que vos proches et vous puissiez développer un cancer, une démence neurodégénérative ou être atteint d’une maladie génétique sporadique. Ce qui est naturel n’est pas forcément souhaitable. La fragilité du vivant fait aussi bien sa beauté et sa riche complexité qu’elle ne fait peser la probabilité d’accidents et d’injustices sur notre santé. 

La recherche sur le vieillissement est une praxie qui pourrait à terme nous redonner la maîtrise de nos libertés, celles de bouger, de se déplacer, de penser, de se souvenir. La reconquête de notre pouvoir d’exploration et d’expérimentation.

Cela m’arrange bien, puisque je suis de ceux qui pensent que je n’aurai pas assez de 82 belles années pour expérimenter toutes les activités, développer tous les projets et explorer tous les horizons que nous offre une vie humaine.

Crédits photo : Manuel Meurisse (Unsplash), ThisisEngineering RAEng (Unsplash), Jeremy Bishop (Unsplash), Benjamin Davis (Unsplash)

Interview de Guilhem Velvé Casquillas – Amortalité – Journal l’ADN

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Interview de Guilhem Velvé Casquillas – Amortalité

A l’occasion d’une interview pour le média « L’ADN », Guilhem Velvé Casquillas confie ses vues sur la place du vieillissement dans nos mentalités, ainsi que sur l’évidence avec laquelle s’impose la quête de l’amortalité.

Pour en savoir plus, découvrez l’interview : Êtes-vous prêt à vivre 1000 ans ?

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Projection vidéo-débat des 9 causes du vieillissement avec Guilhem Velvé Casquillas et l’AFT à l’EP7

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Cocktail H+ : Projection vidéo et débat, avec Guilhem Velvé Casquillas, Patrizia d’Alessio et Denys Coester, à Paris

Mercredi 18 septembre 2019, 21h
133 avenue de France, 75013 Paris
(M° Bibliothèque François Mitterand)

Billetterie

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Le mercredi 18 septembre, l’Association Française de Transhumanisme organise une nouvelle édition de ses Cocktails H+. Cette fois, la soirée porte sur les vidéos transhumanistes de Long Long Life, les « 9 causes du vieillissement », écrites et présentés par Guilhem Velvé Casquillas.

La projection des 9 vidéos sera entrecoupée de séances de réponses aux questions du public, en compagnie de 3 experts sur les questions de vieillissement humain :

Guilhem Velvé Casquillas – Ancien chercheur, serial entrepreneur, CEO de Long Long Life et auteur des vidéos « Les 9 causes du vieillissement », il répondra aux questions sur les causes spécifiques et les marqueurs du vieillissement humain, ainsi que sur les stratégies viables aujourd’hui pour en venir à bout.

Pr Patrizia d’Alessio – Hématologue et chercheuse sur les mécanismes du stress, du vieillissement et de l’inflammation, elle répondra aux questions sur l’interconnexion des mécanismes du vieillissement, et tout particulièrement sur l’inflammation, qui est le sujet de son dernier livre.

Dr Denys Coester – Anesthésiste et hypnothérapeute, Denys Coester se spécialise dans le traitement des symptômes du vieillissement. Il saura répondre à vos questions concernant les mesures à prendre pour préserver votre santé et ralentir votre vieillissement.

Pour ceux et celles d’entre vous qui ne pourraient pas se déplacer, l’intégralité de la série sur les 9 causes du vieillissement demeure accessible sur notre chaîne Youtube ainsi que via nos pages sur les 9 causes du vieillissement.

Informations :

Cocktail H+

Mercredi 18 septembre 2019
21h
Bar EP7, 133 avenue de France, 75013 Paris
(Métro Bibliothèque François Mitterand)

Entrée gratuite

Réservations :

Billetterie

Evénement Facebook

Offre d’emploi CDI biologie du vieillissement pour jeune docteur chez Long Long Life

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Offre d’emploi CDI pour PhD spécialisé(e) dans l’étude du vieillissement humain, espérance de vie humaine & recherche sur le vieillissement

Long Long Life recrute !

Qui sommes-nous ?

Aujourd’hui, Long Long Life est une petite entreprise principalement connue pour son site web de médiation scientifique sur la biologie du vieillissement. Notre but est d’informer le grand public des enjeux de la recherche contre le vieillissement.

En 2020, nous souhaitons également promouvoir et participer à des consortiums de recherche européens autour du vieillissement humain pour booster ce domaine de recherche.

Long Long Life a ses locaux à Paris au sein de la Microfluidic Valley et bénéficie de toutes les infrastructures de recherche de la Microfluidic Valley dans le domaine de la microfluidique, la microfabrication et la biologie cellulaire.

Les missions

Nous cherchons un(e) scientifique, brillant(e), créatif(ve), et ouvert(e) d’esprit

Nous recherchons un(e) PhD passionné(e) par le vieillissement humain et ses causes. Quelqu’un de brillant(e), curieux(se), créatif(ve), bosseur(se) et sympa.

Votre rôle sera d’une part de rédiger des articles de médiation scientifique pour faire tomber les barrières qui empêchent le grand public d’accéder à de l’information sur sa santé, et d’autres part de rédiger des demandes de financement pour nos futurs projets et d’en définir les axes stratégiques en étroite collaboration avec notre CEO. Vous serez également en charge dans le futur du management scientifique et humain lié aux projets de recherche que nous obtiendrons.

À l’exception de ses fondateurs, Long Long Life ne compte aujourd’hui qu’une très petite équipe à temps partiel et aucun employé, vous serez donc le premier (ou la première). C’est donc un poste à grande responsabilité et nous cherchons quelqu’un de polyvalent et réellement passionné(e) par notre mission.

Vous serez formé(e) à l’utilisation de WordPress et accompagné(e) quant au niveau de difficulté de vos articles à destination du public. Il vous sera possible de participer à la conception de nos vidéos.

Vous avez un doctorat dans un domaine en rapport avec la biologie du vieillissement ?

Alors contactez-nous avec votre CV et lettre de motivation à : contact[at]longlonglife.org

Vidéo – Les 9 causes du vieillissement, épisode 9, Inflammation [FINAL] – avec le Dr Guilhem Velvé Casquillas

[Vidéo] Les 9 causes du vieillissement, épisode 9, Inflammation [FINAL] – avec le Dr Guilhem Velvé Casquillas

Pour finir, nous allons aborder ici une neuvième cause identifiée du vieillissement : les problèmes de signalisation intercellulaire et l’inflammation.

Inflammation : définition

Quand on parle d’inflammation, il faut prendre en compte la fonction de toutes les cellules de notre corps et des signaux qu’elles échangent. Chaque cellule est capable, en fonction du stress auquel elle est soumise, qu’il soit interne ou externe, de synthétiser des petites molécules qu’on appelle cytokines et qui régulent la réponse inflammatoire. Parmi les plus connues, vous êtes peut-être familiers avec les interleukines ou TNFalpha : ces cytokines sont capables d’aller se fixer sur des récepteurs présents à la surface de nos cellules et d’enclencher une réponse spécifique. C’est le cas lors de l’activation de la voie NF-κapaB, un facteur de transcription qui va aller se fixer sur notre ADN et déclencher l’expression de plusieurs gènes liés à l’inflammation. 

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La stimulation des cytokines entraîne donc un cercle vicieux d’activation permanente de l’inflammation, remarquons que le vieillissement aime bien les cercles vicieux… le coquin. Fort heureusement, il existe aussi des molécules anti-inflammatoires qui permettent de réguler ce phénomène. Avec l’âge cependant, en plus d’une inflammation plus importante, ces régulations sont de moins en moins efficaces et c’est comme ça qu’on assiste à l’arrivée de « l’inflammaging », un état pro-inflammatoire observé chez les mammifères lors du vieillissement.

Vieillissement + inflammation = inflammaging

Inflammation Long Long Life longévité vieillissement transhumisme cytokines

De multiples causes sont étudiées pour expliquer l’inflammaging, à savoir : l’accumulation de lésions dans les tissus, qui génère des effets pro-inflammatoires au fil du temps, ou encore la sécrétion de cytokines pro-inflammatoires par des cellules sénescentes, ou encore un système immunitaire défaillant qui ne parvient pas à se battre contre les pathogènes de manière efficace, ou encore, une accumulation des protéines endommagées qui entraînerait une réaction inflammatoire, ou encore un changement des niveaux d’hormones qui régulent la production de cytokines… bref pour le moment, les causes potentielles sont multiples et malheureusement ne sont pas toutes bien comprises.

En tout cas, il a été prouvé que l’inhibition de NF-κapaB, dont nous avons parlé tout à l’heure, entraînait un rajeunissement des tissus et prévenait des caractéristiques du vieillissement avancé chez différentes souris modèles.

Inflammation et sirtuines

Les sirtuines, des enzymes spécialisées dont le rôle est connu dans le vieillissement (nous en avons parlé précédemment), pourraient également avoir une influence sur l’inflammaging. Par exemple, l’augmentation de l’activité de la SIRTIUNE-1, 2 ou 6 permettrait de diminuer la progression de nombreuses maladies inflammatoires, car ces enzymes inhibent l’activité de NF-κapaB sur ses gènes cibles.

Une fois de plus, l’inflammation liée au vieillissement peut être interprétée comme un mécanisme de défense qui finit par devenir nocif avec le temps. De faibles niveaux de réponse inflammatoire seraient favorables à la réparation et à la régénération des tissus par l’activation du système immunitaire ; cependant, des niveaux plus élevés pourraient aggraver les lésions.

Réduire l’inflammation avec des transfusions

En 2014, des scientifiques ont démontré que le sang jeune pouvait rajeunir de vieux tissus dont le cerveau chez les souris, d’où le business de transfusion intergénérationnel naissant aux USA. Cela peut présenter un intérêt, mais rien ne prouve que quelques transfusions permettront de vivre plus longtemps, notamment parce que ces expériences sur les souris ont été réalisées en reliant le système sanguin d’une souris jeune à celui d’une souris plus âgée. Il est donc possible que ce soit aussi à cause du filtrage du sang dans les organes de la jeune souris qu’on ait pu observer un rajeunissement des souris plus âgées. Pour le moment, des études sur humains volontaires payants sont en cours en Californie par Ambrosia. Personnellement je doute qu’une série de transfusions puisse rajeunir quelqu’un de manière notable, pour vérifier cette hypothèse, je pense qu’une étape préliminaire serait de faire des transfusions quotidiennes entre deux cohortes de souris jeunes et âgées sans relier directement cette fois leur système sanguin.

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Ce qui est intéressant pour nous ici, c’est qu’il est maintenant prouvé qu’il existe dans la communication intercellulaire de la souris, via le sang ici, des facteurs susceptibles de contrôler notre durée de vie et notre santé. L’étude approfondi de ces facteurs nous permettrait de les identifier et peut être un jour de contrôler leur concentration dans le sang des patients par des méthodes médicamenteuses classiques qui ne passeraient idéalement pas par des perfusions quotidiennes.

Conclusion : causes primaires, antagonistes, et causes secondaires

Pour conclure, en schématisant, nous pourrions, dans l’état actuel de nos connaissances, classer les neuf causes de vieillissement dont nous avons parlé en 3 grandes sous-parties :

D’abord, les causes primaires du vieillissement, qui seraient les mutations génétiques, le raccourcissement des télomères, les altérations épigénétiques et le mauvais repliement des protéines.

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Ensuite, on trouve les antagonistes du vieillissement, ces mécanismes initialement censés nous protéger, mais qui deviennent finalement délétères : c’est-à-dire la dérégulation du système de détection des nutriments, les dysfonctionnements des mitochondries et la sénescence cellulaire.

Et enfin, les causes secondaires du vieillissement qui découleraient des deux premières et en amplifieraient l’effet. On parle ici de l’épuisement des cellules souches et de la défaillance de la communication intercellulaire.

Les recherches dans le domaine du vieillissement avancent vite ces dernières années, et il est probable que certaines choses que nous pensons comprendre aujourd’hui se révéleront fausses dans une décennie.

La recherche contre le vieillissement reste un domaine scientifique très complexe, car la plupart des phénomènes dont nous avons parlé restent intimement liés les uns avec les autres, ce qui ne facilite pas le détricotage nécessaire à la compréhension fine de ce qui se passe réellement dans notre corps.

Dr Guilhem Velvé Casquillas

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Vidéo – Les 9 causes du vieillissement, épisode 8, Cellules souches – avec le Dr Guilhem Velvé Casquillas

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[Vidéo] Les 9 causes du vieillissement, épisode 8, Cellules souches – avec le Dr Guilhem Velvé Casquillas

Abordons à présent une huitième cause identifiée du vieillissement : l’épuisement de nos cellules souches.

Cellules souches : définition

Les cellules souches sont des cellules indifférenciées ou incomplètement différenciées, c’est-à-dire qu’elles n’appartiennent pas à un organe en particulier. Elles sont capables d’engendrer des cellules spécialisées de tel ou tel organe grâce à la différenciation cellulaire. Ce mécanisme leur permet d’acquérir les caractéristiques propres à un type de cellule. Les cellules souches d’un humain adulte ne peuvent pas produire n’importe quel type de cellule. Par exemple, nos cellules sanguines, comme les globules rouges ou les plaquettes, viennent à la base des mêmes cellules indifférenciées : les cellules souches hématopoïétiques. Ces cellules souches sont capables de donner des cellules sanguines, mais ne pourront pas donner d’autres cellules spécifiques comme celles du muscle, ou des neurones…

cellules souches long long life transhumanisme longévité vieillissement hématopoïétiques

Les cellules souches permettent le renouvellement des cellules d’un organe, elles sont stockées dans l’organisme et sont utilisées lorsqu’un besoin de cellules se fait sentir : certaines cellules vieillissent, meurent régulièrement et doivent être remplacées, comme les globules rouges dont la durée de vie moyenne est de 120 jours. D’autres organes peuvent se développer et nécessitent plus de tissus, comme l’utérus qui grandit durant la grossesse.

Pour aller plus loin, chez certains animaux, ces cellules permettent la régénération d’un membre, comme c’est le cas chez les lézards. A contrario, certains organes ne renferment pas de cellule souche et ne peuvent donc pas se renouveler en cas de lésions. C’est le cas notamment du cœur et du pancréas, ce qui explique le problème en cas d’infarctus ou de diabète : ces organes ne sont pas en mesure de se remettre du problème.

Cellules souches et renouvellement cellulaire

Évidemment, les cellules souches doivent être elles-mêmes capables de se renouveler. Avec le vieillissement, on observe que les tissus ont plus de mal à se régénérer. Cela est dû entre autres au ralentissement des divisions cellulaires et au manque de remplacement des cellules souches. Ce comportement peut être expliqué, d’après les recherches actuelles, par l’accumulation silencieuse de dégâts dans les cellules souches, notamment sur leur ADN. D’ailleurs, bien que les cellules souches adultes expriment la télomérase, elles ne sont pas immunisées contre le rétrécissement des télomères, cette horloge biologique dont nous avons déjà parlé (tout est lié).

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Ces phénomènes rendent les cellules souches progressivement plus rares et augmentent donc le nombre de cellules sénescentes présentes dans un tissu, et cela peut entraîner différents problèmes en fonction des organes touchés, comme nous l’avons vu précédemment.

En plus d’un ralentissement de production des cellules souches, des mutations de leur ADN peuvent apparaître, et peuvent déclencher la mort cellulaire chez certaines cellules souches, ou au contraire modifier leur information génétique tout en augmentant leur vitesse de réplication ou leur résistance. Cela peut notamment avoir un impact sur l’augmentation des cancers avec l’âge.

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Pour résumer, l’épuisement des cellules souches est suspecté de jouer un rôle décisif dans le vieillissement de l’organisme, car il freine le renouvellement cellulaire, cet épuisement des cellules souches est ainsi un composant essentiel dans le processus de vieillissement.

Dr Guilhem Velvé Casquillas

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Vidéo – Les 9 causes du vieillissement, épisode 7, Sénescence – avec le Dr Guilhem Velvé Casquillas

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[Vidéo] Les 9 causes du vieillissement, épisode 7, Sénescence – avec le Dr Guilhem Velvé Casquillas

Sénescence : définition

Nous allons aborder une septième cause identifiée du vieillissement : la sénescence cellulaire.

Une cellule sénescente est une cellule vieillissante dont les fonctions se dégradent, elle cesse de se diviser et son activité change. Ce sont des cellules zombies de notre organisme, pas mortes, mais incapables de se reproduire. Lors de ce changement, une cellule normale va commencer à changer de métabolisme et peut, par exemple, se mettre à sécréter des molécules pro-inflammatoires qui vont, à leur tour, signaler aux cellules environnantes qu’il y a un souci. Par ce mécanisme, les premières cellules sénescentes peuvent dégrader la santé d’autres cellules et c’est là que tout commence à mal se passer.

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Les cellules sénescentes s’accumulent ainsi avec l’âge dans certains tissus, provoquant chez eux une perte d’homogénéité et favorisant probablement la détérioration encore plus rapide de ces derniers.

Cependant, la sénescence pourrait avoir été sélectionnée comme un mécanisme permettant d’éviter la prolifération de cellules cancéreuses. En effet, nous avons remarqué que les cellules cancéreuses ne disposent pas de mécanismes de sénescence et sont virtuellement immortelles.

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Sénescence et immunité

Heureusement, les cellules sénescentes peuvent être éliminées par le système immunitaire. Mais évidemment, cela demande un système immunitaire efficace. Or, avec l’âge, le système immunitaire devient moins efficace, au moment même où de plus en plus de cellules deviennent sénescentes. Inexorablement, cela entraîne une accumulation de cellules sénescentes dans certains de nos tissus.

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Ce mécanisme, initialement de défense, est donc bénéfique durant la jeunesse. Il protège l’organisme contre la prolifération de cellules cancéreuses, mais nécessite un système immunitaire efficace pour les éliminer et des cellules souches robustes pour les remplacer.

Pour résumer, avec le vieillissement de l’organisme, les cellules sénescentes s’accumulent à cause du manque de renouvellement des cellules souches et d’un système immunitaire moins efficace. Et l’accumulation de ces dernières affaiblit d’autant plus les tissus environnants… encore un cercle vicieux.

D’ailleurs lorsque, chez des souris âgées, des chercheurs ont induit l’autodestruction des cellules sénescentes, ils ont observé un rajeunissement de ces souris. Au moins notre petit exposé sur la sénescence finit bien.

Dr Guilhem Velvé Casquillas

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Vidéo – Les 9 causes du vieillissement, épisode 6, Détection des nutriments – avec le Dr Guilhem Velvé Casquillas

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[Vidéo] Les 9 causes du vieillissement, épisode 6, Détection des nutriments – avec le Dr Guilhem Velvé Casquillas

La sixième cause du vieillissement que nous abordons est liée au mauvais fonctionnement au cours du temps de la chaîne de détection des nutriments. Mais qu’est-ce qui amène ce mécanisme à mal fonctionner ?

Les voies de détection des nutriments

Dans les cellules, les voies de détection des nutriments adaptent le comportement de vos cellules et l’activité de leur métabolisme à la quantité de nutriments dont disposent vos cellules.  

nutriments 2 long long life transhumanisme longévité vieillissement

Grosso modo, au niveau de l’organisme, s’il n’y a pas assez à manger, le corps a tendance à réduire l’appétit sexuel de l’animal et à mettre le corps en mode survie pour pouvoir vivre plus longtemps et se reproduire lors de temps meilleurs. Il se passe un phénomène analogue au niveau de la cellule.

La restriction calorique est d’ailleurs la seule méthode validée scientifiquement pour augmenter l’espérance de vie en bonne santé chez tous les mammifères testés. Cette augmentation peut mener à une espérance de vie rallongée de 30 %, chez certains primates par exemple.

La détection de nutriments concerne, sans surprise, les voies de signalisation liées à l’insuline et à la détection de glucose à la surface des cellules. Cela concerne également les sortes d’interrupteurs centraux que sont l’enzyme AMPK, qui détecte la rareté des nutriments, et le complexe mTOR qui détecte l’abondance d’acides aminés. Les sirtuines sont aussi des interrupteurs centraux qui décèlent des états faibles en énergie en détectant la concentration en NAD+ : vous vous souvenez, le NAD+ qui est aussi le carburant de protéines qui réparent l’ADN…

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En théorie, on suppose aujourd’hui que lors du vieillissement, le stress cellulaire et le nombre de lésions des cellules augmenteraient. Les niveaux de radicaux libres dans le corps augmenteraient parallèlement, dans le but de préserver l’organisme. Au-delà d’un certain point, ces niveaux cesseraient de maintenir l’équilibre cellulaire et pourraient aggraver les problèmes associés à l’âge. 

Le rôle des radicaux libres n’est donc pas encore clair pour les scientifiques, c’est une question qui fait vraiment débat.

Pour résumer, ce lien entre la détection de nutriments et la longévité explique que certains médicaments contre le diabète, comme la metformine, semblent prolonger la durée de vie par l’intermédiaire de l’activation de l’AMPK chez les vers et les souris, et d’ailleurs certaines études sont encourageantes concernant son effet sur l’homme. Des études plus complètes sont en cours à ce sujet.

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